Attentats de Trèbes et Carcassonne. Arnaud Beltrame est "mort au combat", défend l'avocat de la famille avant le procès
Le procès s'ouvre à Paris. En mars 2018, le terroriste Radouane Lakdim avait tué 4 personnes dans l'Aude, dont le gendarme Arnaud Beltrame. Sept potentiels soutiens aux terroristes sont jugés de ce jeudi 22 janvier au 23 février 2024.
Publié : 22 janvier 2024 à 11h56 par Erwan Harzic avec, à Paris, Emilie Baylet
Le procès encadrant les attentats de Trèbes et Carcassonne (Aude) s'ouvre devant la cour d'assises spéciale à Paris, ce lundi 22 janvier à 10h00. En mars 2018, le gendarme Arnaud Beltrame avait été tué, en prenant la place d'une otage et avait reçu un hommage national par la suite. Six ans plus tard le procès des proches du terroriste démarre. Un Carcassonnais de 61 ans, un chef-boucher de 50 ans du Super U de Trèbes et un client, maçon à la retraite de 65 ans, font également partie des victimes abattues l'assaillant. Radouane Lakdim avait été tué lors de l'assaut du GIGN dans le supermarché de Trèbes où il s'était retranché. Ce sont sept personnes de son entourage - six hommes et une femme - qui vont être jugés pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle", pendant un mois. Le procès est prévu jusqu'au 23 février.
Au procès, la famille du gendarme tué en mission s'est exprimée au travers de son avocat. Ce dernier précise que l'homme de 44 ans "ne s'est pas sacrifié dans cette affaire." Me Thibault de Montbrial, avocat de la famille Beltrame, veut rappeler que l'officier "a pris la place d'une otage, car il pensait qu'il pouvait maîtriser le terroriste islamiste." Il veut rappeler qu'Arnaud Beltrame est "mort au combat, pour la France, ce n'est pas une victime". Selon l'avocat du Barreau de Paris, ce procès permet de rappeler que "les terroristes islamistes ne peuvent passer à l'acte que quand ils sont soutenus". Sur le banc des accusés, on retrouve notamment la petite amie du terroriste, Marine Pequignot, qui était elle aussi radicalisée. On y retrouve aussi Reda El Yaakoubi, "chef" du trafic de drogue de la cité, ainsi qu'un ami de l'assaillant, Samir Manaa. Ces trois personnes sont notamment suspectées d'avoir été au courant des "velléités jihadistes" de Radouane Lakdim, sans avoir essayé de l'empêcher de commettre ses crimes.
Un accusé absent du procès
A ses côtés l'avocat de l'otage libéré par le gendarme, Me Henri de Beauregard, estime que le procès devrait rentrer "dans le vif du sujet dès cet après-midi". Un léger retard pourrait être observé. En effet, Baghdad Haddaoui, l'un des septs accusés, ne s'est pas présenté à l'audience, elle a été suspendue une vingtaine de minutes aux alentours de 10h30. "Les parties civiles, en tout cas celles que je représente, savent qu'il faut avoir des attentes mesurées, au risque de connaître de grosses déceptions", confie l'avocat de l'otage libérée grâce à l'intervention d'Arnaud Beltrame. Selon lui, ce procès sera surtout l'occasion de rendre hommage au gendarme décédé tout en permettant à cette employée du Super U libérée par le gendarme de se confier sur sa "relation singulière, car post-mortem," avec son sauveur. Autre avocat concernant les parties civiles, Me Franck Alberti l'intérêt de ce procès est d'aider les parties civiles à "surmonter cette épreuve". Selon lui, les victimes "attendent beaucoup de réponses".
« Rien d'alarmant »
Aujourd’hui Karine B., la principale témoin dans cette affaire a été entendu. Elle était la voisine de la maison d’Amandine à Roquecourbe. En visioconférence depuis Castres, elle a maintenu ses déclarations déjà faites lors des précédents procès: « Le jour des faits, j’ai vu Amandine arriver avec un vieux fourgon blanc Renault. Elle est rentrée à son domicile. Un monsieur la suivait. Elle n’avait pas l’air inquiète. Rien d’alarmant. »
Relancée sur la corpulence de l’homme avec Amandine, la voisine a affirmé: «C’était un homme d’environ 1m70, bien charpenté, cheveux châtains clairs. Il avait un pantalon d’ouvrier gris avec des bandes oranges. Sur la corpulence, les cheveux courts et la silhouette, il ressemblait à Guerric Jehanno mais je ne peux pas affirmer que c’était lui. Je n’ai aucune certitude sur son identité. »
2 anciens compagnons d’Amandine Estrabaud ont également été entendu cet après-midi pour dépeindre le type de relation qu’ils ont entretenu avec Amandine et décrire son caractère.
En tout début d’après-midi, la parole a été donné à Guerric Jehanno: « Je clame mon innocence. Ce sera pour plus tard que l’on saura que je suis innocent ».