Après le suicide d'un patient, le ministre dézingue les cliniques psychiatriques privées à Toulouse
Frédéric Valletoux a qualifié la gestion de la santé mentale "d'inacceptable" et a pris plusieurs mesures. Histoire d'une remontée de bretelles.
20 février 2024 à 18h28 par Brice Vidal
Un ministre très remonté au CHU de Toulouse ce mardi 20 février 2024.
Dépêché en urgence, Frédéric Valletoux ministre chargé de la Santé et de la Prévention a "dézingué" les cliniques psychiatriques privées. Il a qualifié la gestion des urgences psychiatriques « d’inacceptables » en Haute-Garonne. Selon lui, le secteur de la santé mentale « ne fonctionne pas » sur la métropole toulousaine. La psychiatrie est en crise localement, un patient des urgences psychiatriques s'est en effet suicidé le 14 février dernier à Purpan, deux patientes affirment aussi avoir été agressées sexuellement. Les syndicats ont rué dans les brancards, le ministre aussi.
"Je n'ai jamais vu ça"
Ce mardi Frédéric Valletoux avait ordonné une réunion avec tous les acteurs de la santé mentale et il a clairement pointé du doigt les établissements psychiatriques privés. Ces derniers n’accepteraient pas les urgences du public qu’ils sont censés prendre en charge. Morceaux choisis : "j'ai découvert un secteur public et un secteur privé qui ne coopèrent pas, des situations qui duraient depuis des années" ; "j'ai visité des centaines d'hôpitaux et je n'avais jamais vu de tels dysfonctionnements [...] que l'hôpital soit amené à garder plusieurs jours des patients dans des bureaux de consultations" car "des partenaires privés n'acceptent pas de prendre en charge des patients qui ne leur conviennent pas" se désolait le ministre.
Menaces de revenir sur les autorisations d'exercer pour les groupes privés
Des mesures de court, moyen et long termes ont donc été actées : 15 lits vont être rouverts en psychiatrie à Toulouse a annoncé Frédéric Valletoux, qui diligente aussi un audit de l’inspection générale des affaires sociales (IGAS). Et il a prévenu : si rien ne bouge, l’Etat pourrait reconsidérer les autorisations et les financements pour les groupes privés qui ne jouent pas le jeu : "je serai très ferme [...] je conditionnerai les nouvelles autorisations et la pérennité des autorisations actuelles en psychiatrie " ; "le public et le privé ne doivent plus se regarder en chiens de faïence [...] " a-t-il ajouté. Les principaux groupes de santé privés, Ramsay et Orpea Clinea étaient présents. La Haute-Garonne compte des cliniques psychiatriques privées à Montberon, Beaupuy, Pin Balma, Cornebarrieu (Cèdres), Seysses ou encore Labastide-Beauvoir.