Jusqu'à 11 ans de prison requis au procès des attentats de Trèbes et Carcassonne
Les peines les plus sévères ont été demandées pour un ami et la compagne de Radouane Lakdim, le terroriste abattu.
Les avocats de Marine Pequignot, la compagne du terroriste, ont écouté les réquisitions mardi.
Crédit : @100%Radio
21 février 2024 à 8h01 par Brice Vidal avec à Paris, Emilie Baylet
Par la voix de l'avocate générale Alexa Dubourg, le ministère public a requis mardi des peines allant jusqu'à 11 ans de prison, pour les sept accusés du procès des attentats de Trèbes et Carcassonne. Six hommes et une femme sont jugés depuis cinq semaines par la cour d'assises spéciale de Paris. Les attaques terroristes ont fait quatre morts le 23 mars 2018, Radouane Lakdim, petit dealer radicalisé du quartier Ozanam, a été abattu lors de l'assaut du GIGN.
"Lâchement et par surprise", selon l'avocate générale, le terroriste a abattu un homme sur un lieu de rencontre homosexuel à Carcassonne, puis tiré sur des policiers faisant leur footing, avant de poursuivre son périple meurtrier au magasin Super U de Trèbes. Tuant un salarié et un client, et enfin, prenant en otage une caissière avant de croiser "l'héroïsme, l'honneur, la bravoure" du gendarme Arnaud Beltrame. Tué après avoir pris la place de l'otage. Les accusés ne sont pas jugés pour "complicité", Lakdim ayant agi seul, mais pour "association de malfaiteurs terroriste", deux autres pour des délits connexes.
Quelles peines et pour qui ?
L'accusation a requis 10 ans de prison pour Samir Manaa, il a accompagné Lakdim pour acheter le poignard qui a servi à tuer Arnaud Beltrame et "a rendu possible son projet mortifère". Un suivi socio-judiciaire de trois ans avec obligations de soin et d'emploi, interdiction de tout contact avec les co-auteurs, interdiction pendant cinq du département de l'Aude et interdiction de port d'armes pendant 10 ans sont également demandés par le ministère public.
Pour la compagne du terroriste, Marine Pequignot, qui encourt 30 ans de prison ; l'avocate générale demande 11 ans de réclusion criminelle. Celle qui a cherché à rejoindre l'EI en 2018 "s'est associée à un groupe qui a commis des attentats sur tout le territoire et fait des centaines de victimes". Elle avait 19 ans à l'époque des faits, 14 ans quand elle rencontre Lakdim, aujourd'hui elle semble avoir "évolué positivement", "sa personnalité est calme et respectueuse et serait déradicalisée selon les professionnels" expliquera l'avocate générale.
Pour Sofiane Manaa, qui encourt 5 ans de prison, 12 mois de prison dont 4 avec sursis sont demandés ainsi que l'interdiction de porter une arme pendant dix ans.
Pour Baghdad Haddaoui "le taiseux", qui encourt 5 ans de prison, 4 ans de prison sont demandés dont 30 mois avec sursis.
Pour Sofian Boudebbouza, "qui semble avoir amorcé sa déradicalisation" ; 6 ans de prison requis dont 4 avec sursis.
Pour Reda el Yaakoubi, qui encourt 10 ans de prison et "a assombri la cité d'Ozanam en y dirigeant les activités illicites de trafics d'armes et de stupéfiants"; 6 ans de prison.
Pour Ahmed Arfaoui, qui encourt 10 ans de prison pour avoir fait le ménage chez le terroriste, 8 ans de réclusion requis ; "il a une vraie dangerosité, une personnalité pathologique, intolérant à la frustration, un profil dénué d'émotions avec un risque de récidive".
Mercredi les avocats de la défense entament leurs plaidoiries, verdict attendu vendredi matin.