Agen : procès d'une mère, accusée du meurtre de ses filles handicapées

Les deux adolescentes, de 12 et 13 ans au moment des faits présumés, sont introuvables depuis 2016.

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17 juin 2024 à 18h30 par Thomas Naudi avec AFP.

Ses filles restent introuvables depuis plus de sept ans: une mère de famille, accusée d'homicides volontaires aggravés, est jugée depuis lundi devant la cour d'assises du Lot-et-Garonne à Agen. Les deux adolescentes de 12 et 13 ans, nées avec des malformations, n'ont plus été vues depuis le 7 décembre 2016 dans l'Institut spécialisé d'éducation pour polyhandicapés (Isep) de Tonneins, où elles étaient accueillies en journée. Cinq mois plus tard, la Direction enfance famille du conseil départemental avait signalé leur disparition.


D'abord poursuivie pour "délaissement de mineures" et incarcérée en septembre 2017, leur mère Naïma Bel Allam avait vu sa mise en examen transformée en "homicides volontaires aggravés" en janvier 2018, après la découverte d'une tache "brunâtre" au domicile de Nérac. Mais son examen n'a pas donné de résultats probants: il a révélé plusieurs ADN différents, dont celui de l'ancienne locataire du logement, selon l'avocate de Mme Bel Allam, Me Sophie Grolleau. Des fouilles ont également été entreprises pendant une semaine en février 2022 par une trentaine de militaires, gendarmes et plongeurs de la gendarmerie dans une zone boisée à quelques kilomètres du domicile familial, mais sans permettre d'avancée décisive.


Libérée en novembre 2021, Naïma Bel Allam, ex-comptable d'origine marocaine abandonnée par son mari, a tenu des versions divergentes devant les enquêteurs au sujet de ses filles, qu'elle élevait seule. Elle a notamment expliqué qu'elle les avait confiées à un couple de Marocains sur une aire d'autoroute en Espagne, une version démentie par les enquêteurs. "Elle clame depuis sept ans son innocence. Elle dit depuis le début qu'elle n'a pas tué ses filles et qu'elles sont à l'abri, indique son avocate Me Grolleau. "Elle brouille les pistes volontairement, elle veut les protéger des institutions françaises en qui elle a totalement perdu confiance", ajoute-t-elle.


 Le père, qui n'avait plus vu ses filles depuis plusieurs années quand elles ont disparu, s'est porté partie civile. "S'il y avait la moindre preuve de vie, mon client serait le plus heureux du monde", a déclaré son avocate Me Sylvie Brussiau. "Cette preuve de vie, on ne l'a pas, même sept ans après le début de l'enquête. Il n'y croit plus et ce qu'il voudrait, c'est donner une sépulture digne à ses filles qui ont disparu."


 Le verdict est attendu jeudi.