Affaire Jubillar. La justice rendra sa décision le 8 février sur le supplément d'information demandé par l'accusation

Le parquet général souhaite faire la lumière sur une écoute téléphonique effectuée en prison. Mais pas seulement !

La défense incarnée par Mes Alary, Franck et Martin (de g. à dr.)

Crédit : @100%Radio

18 janvier 2024 à 11h44 par Brice Vidal


Que va décider la Chambre de l'instruction de la cour d’appel de Toulouse ? La CHINS rendra sa décision le 8 février 2024. Alors qu'elle devait confirmer ou infirmer le renvoi de Cédric Jubillar devant la cour d’assises du Tarn, la juridiction a été saisie d'une demande de l'accusation. Le parquet général, informé d'une conversation étrange lors d'une écoute téléphonique entre un détenu et sa mère à la prison de Lannemezan, requiert un supplément d'information.


Non-événement ?


Si la chambre décidait d'y faire droit - probable - ; la date d'un éventuel procès du plaquiste tarnais pour homicide par conjoint en serait repoussée. Comme nous le laissions entendre vendredi, l'échange entre le détenu et sa mère ne changera probablement rien au dossier. Que dit cette écoute ? "Il n'y a pas de preuves... Et Sofiane, et Sébastien et Mathieu, ils les connaissent pas !" dit le détenu. "Ah ! s'ils savaient..." répond la mère. L'interview de nos confrères de La Dépêche du Midi  confirme cette thèse que nous exposait une source proche du dossier. Le duo n'en sait probablement pas plus que ce qu'il a pu entendre dans les médias.


 


Deux autres vérifications à opérer...


Selon nos informations, à la demande du parquet général, deux autres vérifications pourraient être menées : un gendarme aurait fait état des déclarations d'un tiers affirmant avoir des révélations à faire ; enfin une dame indiquerait avoir des flashs de ce qui est arrivé à Delphine. On imagine mal la Chambre de l'instruction faire droit à une demande aussi lunaire, mais dans cette affaire, on n'est plus à une surprise près... Une chose est sûre, sans "l'écoute de Lannemezan" aucun supplément d'information n'aurait été demandé par l'accusation. Et au parquet comme à la Section de recherches de Toulouse, on ne compte plus les hurluberlus, fantaisistes et autres enquêteurs de Facebook affirmant avoir des "révélations à faire" : un classique dans les affaires ultra-médiatisées.


 


Pourquoi ré-enquêter ?


Pourquoi ce rebondissement pour deux "témoins" peu crédibles sortis du chapeau ? Le parquet général veut-il démontrer qu’il n’y a aucun acharnement sur Cédric Jubillar et que toutes les pistes sont et seront vérifiées ? Probable. Car Sofiane ou Sébastien sont des noms connus des enquêteurs, ils ont été interrogés, et à ce stade, rien n’indique qu’ils soient liés au drame. Les magistrats toulousains, irrités par une défense qui dénonce une enquête "à charge", essaieraient-ils de prouver avec ce supplément d'information qu'il s'agit d'un effet de manche du trio d'avocats ?


Ce jeudi la pugnace défense de Cédric Jubillar s'engouffrait quand même dans la brêche au sortir de l'audience à huis clos, "convenez avec nous qu'il y a une situation inédite" expliquait Me Alexandre Martin "il y a quelques semaines les magistrats instructeurs écrivent noir sur blanc que Cédric Jubillar est l'auteur du meurtre de sa femme et quelques semaines après le parquet général nous explique qu'il y a de nouveaux éléments qui méritent d'être vérifiés, c'est incongru" ; "au bout de 3 ans d'information judiciaire, ce que l'on sait, c'est qu'on ne sait absolument rien" renchérissait sa consoeur Me Emmanuelle Franck.


Soupçonné d'avoir tué sa femme Delphine Jubillar à Cagnac-les-Mines (81) dans la nuit du 15 au 16  décembre 2020, Cédric Jubillar est mis en examen et incarcéré depuis le 18 juin 2021 et clame toujours son innocence, malgré les indices graves et concordants relevés par les enquêteurs de la gendarmerie.