Toulouse. Pourquoi une manifestation à l'appel de la Ligue des droits de l'homme a été interdite ?
A l'appel de syndicats et partis de gauche, elle avait pour thème "Ensemble pour une paix juste et durable au Moyen-Orient". Mais une phrase du communiqué unitaire pose question. Débat.
20 octobre 2023 à 10h20 par Brice Vidal
« Pour une paix juste et durable au Moyen Orient » : tel était le thème du rassemblement qui devait se tenir, ce vendredi soir à 18 heures, à la Bourse du travail de Toulouse. Une manifestation à l’appel de la CGT, la FSU, la Ligue des Droits de l’Homme, Les Insoumis, le Nouveau Parti Anticapitaliste, le MRAP et une myriade de micro-partis issus de la gauche toulousaine.
Comment la préfecture justifie-t-elle l'interdiction ?
Le rassemblement a été finalement été interdit par la préfecture, l’exécutif craignant probablement des débordements. "Ce rassemblement est à l’initiative du Collectif unitaire 31 composé d’une quinzaine d’organisations [...] dont le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), actuellement visé par une enquête pour apologie du terrorisme [...] ce rassemblement servira de tribune au NPA et possiblement à d'autres organisations participant à ce collectif pouvant légitimer, comme le NPA, des actions de nature terroriste" affirme Pierre-André Durand, le préfet de Haute-Garonne.
Des organisateurs ulcérés, un communiqué à la sémantique contestable
Les organisateurs, eux, se défendent de tout parti-pris, ils exigent un cessez-le-feu, la levée du blocus de Gaza, l'ouverture d'un processus de paix sous l'égide de l'ONU. "Qualifier une manifestation pour la paix d'appel à la haine : c'est grave dans une République" s'indigne Cédric Caubère, patron de la CGT 31. " Sur ce thème, le ministre de l'Intérieur a un comportement attentatoire aux libertés publiques, on est inquiet, des décisions préfectorales nous posent problème" assène Jean-Pierre Mignard de la Ligue des Droits de l'Homme de Haute-Garonne.
Certes, les mots d'ordre du communiqué unitaire ne justifient pas une interdiction, mais certaines tournures interrogent : pas de demande de libération des otages israéliens, l'absence du mot "terrorisme" pour qualifier les exactions du Hamas, "on tient à l'expression crime de guerre qui renvoie au droit international" répond Marie-Cécile Périllat de la FSU 31. Dont acte. Mais pourquoi est-il écrit noir sur blanc "nettoyage ethnique perpétré par Israël" ? Expression contestable du point de vue du droit international : "on n'est pas des juristes, on constate des atteintes fondamentales aux populations civiles" tempère Marie-Cécile Périllat.
Crevons l'abcès : le rassemblement de vendredi est-il antisioniste ? "Si antisioniste s'entend comme étant contre l'existence de l'Etat d'Israël, aucune de l'est ; si par antisioniste on entend militer contre la colonisation par Israël des territoires occupés alors oui, on se revendique de cet anticolonisalisme-là" rectifie la patronne de la FSU. Ce matin, le collectif unitaire, suite à l'interdiction de la préfecture, a déposé un recours en urgence auprès du tribunal administratif de Toulouse pour tenter d'infléchir la décision préfectorale. À Paris, une manifestation pro-Palestine interdite a finalement été autorisée ce jeudi 19 octobre à Paris, place de la République.