TARN: accusé de harcèlement sexuel, l'ancien procureur de Castres, Chérif Chabbi, était ce mardi 18 mars 2025 devant le Conseil Supérieur de la Magistrature
Le magistrat, en poste à Castres de 2020 à 2023, n'a jamais contesté les propos et les gestes décrits par son ancienne assistante
/medias/ZvlRIRYqQV/image/Tribunal_Castres1742378995275.webp)
Publié : 19 mars 2025 à 11h16 par Cécile Gabaude
L'ex-procureur de la République de Castres était entendu ce mardi 18 mars 2025 en audience disciplinaire à Paris devant le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) pour répondre d'accusations de harcèlement sexuel, notamment envers une de ses secrétaires.
"Cette proximité, je la regrette, elle était inadaptée", a déclaré Chérif C., debout devant les membres du Conseil.
Le magistrat, en poste à Castres de 2020 à 2023, n'a jamais contesté les propos et les gestes décrits par son ancienne assistante, de 20 ans sa cadette. Mais pour sa défense, il a rappelé qu'à l'époque, il n'était pas dans son état normal, "embarqué dans une spirale infernale" avec une charge de travail beaucoup trop importante qui l'a conduit à consulter et à prendre des anxiolytiques.
Dans sa déclaration à l'Inspection générale de la Justice, la jeune femme a raconté qu'après un déjeuner professionnel en juillet 2023, son supérieur hiérarchique lui avait pris la main puis la taille, ce qui l'avait "sidérée", au point de se confier à ses collègues.
Avant ce contact physique, la jeune femme a raconté avoir dû subir des remarques sur ses vêtements, des regards appuyés sur son décolleté, une invitation à le rejoindre dans sa piscine alors qu'il était en télétravail, ainsi que des blagues graveleuses. Par exemple, lorsqu'elle a mangé un plat aromatisé au gingembre, il lui a dit devant témoin : "Votre mari a bien de la chance, il va s'éclater ce soir !".
Chérif Chabbi, 53 ans aujourd'hui, occupait à Castres son premier poste de magistrat du parquet. Nommé procureur de la République, il prenait sa revanche sur une enfance qu'il a décrite comme "indigente", au sein d'une famille extrêmement défavorisée. La rapporteure du Conseil a d'ailleurs rappelé sa carrière exemplaire, avec "des retours très élogieux", jusqu'aux accusations de sa secrétaire. Le Conseil a également examiné les agissements reprochés par d'autres femmes ayant travaillé aux côtés du magistrat.
"Il m'a attrapée par la taille en disant que j'étais la meilleure greffière", a raconté une de ses collaboratrices. "Il touchait souvent mon chemisier en soie", a témoigné une autre. "Tu verras, elle travaille bien, en plus elle est jolie", a-t-il dit à un policier qui voulait recruter une adjointe administrative. Un comportement déplacé que le magistrat affirme avoir banni à Rodez, où il a été muté.
A l'issue de l'audience, la représentante du ministère de la Justice a préconisé une rétrogradation du magistrat. Le Conseil supérieur de la magistrature doit maintenant rendre son avis au garde des Sceaux qui prononcera la sanction.
(avec afp)