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Pénurie de logements : "des salariés dorment dans leurs voitures" s'alarment les professionnels de l'immobilier à Toulouse

Il faudrait construire 13 000 logements par an en Haute-Garonne. Seuls 9300 ont été commencés. BTP, bailleurs, promoteurs alertent les pouvoirs publics et formulent des propositions.

Le secteur de la construction et de l'immobilier veut se faire entendre.
Le secteur de la construction et de l'immobilier veut se faire entendre.
Crédit : @100%Radio

Publié : 9 octobre 2023 à 15h35 par Brice Vidal

La crise du logement est désormais globale. Sous la bannière "Crise du logement : tous concernés" : BTP, promoteurs, bailleurs tirent la sonnette d'alarme à Toulouse qui accueille 10 000 habitants chaque année. Une première car "l'heure est grave" expliquent les professionnels en Haute-Garonne où il faut construire a minima 13 000 logements par an, et où seuls "9300 ont été commencés". Tous constatent au premier semestre une baisse drastique de la production de logements "-40 à - 44%" et les crédits immobiliers pour l'achat dans le neuf ont plongé de 43%. Le résultat, les jeunes ne sont plus en capacité d'acheter leur logement : "la part de primo-accédants tend vers le zéro!" expliquent-ils.

"Actuellement on a 1800 logements à vendre sur la Haute-Garonne, c'est trop peu par rapport aux 4000 ou 5000 personnes qui cherchent" remarque Sébastien Bénet, président de la FNAIM 31 pour qui "on était dans un marché tendu, on est maintenant dans un marché explosif". Le marché locatif, lui, est privé de bien à louer "personnellement je n'ai plus rien à louer, ça n'était jamais arrivé" déplore Sébastien Bénet.

Au niveau du logement social en Haute-Garonne, les files d'attente s'allongent "il y a actuellement 54 000 demandes alors qu'on attribue environ 9000 logements par an" s'inquiète Sabine Veniel-Le Navennec d'Habitat Social Occitanie. "Des collectivités locales me disent que des salariés dorment dans leurs voitures par manque de logements sociaux, ils travaillent au quotidien, ce n'est plus acceptable et ça va empirer !" s'indigne Vincent Aguilera, président de la Chambre de Métiers et de l'Artisanat de la Haute-Garonne.   

Car les conséquences sont aussi préoccupantes pour les entreprises du secteur : dans le BTP le tribunal de commerce de Toulouse a enregistré 51% de défaillances d'entreprises en plus en 2022, soit 186 sociétés. Et déjà 80 risquent de mettre la clé sous la porte en 2023, "beaucoup se retrouvent en situation de fragilité, on est vraiment inquiets " confirme Emile Noyer. "Des agences immobilières ferment, les dernières arrivées en particulier" ajoute Sébastien Bénet qui a monté une cellule de veille avec la CCI 31.

 

Les difficultés s'accumulent

Pourquoi de telles tensions ? Les raisons sont structurelles et conjoncturelles : hausse des taux d'intérêts (multipliés par  4) et manque d'accès au crédit, coup de rabot sur le prêt à taux zéro, coûts de construction devenus exorbitants en raison des tensions internationales(+ 30% en 2 ans), les difficultés à obtenir des permis de construire, un foncier rare en raison de la loi zéro artificialisation nette qui rend inaccessible le foncier non imperméabilisé. En plus sur la Métropole toulousaine, le PLUIH a été retoqué par la justice administrative provoquant encore un peu plus d'incertitude juridique. "Et les élections municipales approchent" s'alarment les professionnels tant cette période n'est traditionnellement pas propice au lancement de nouveaux projets de construction. "Les chiffres sont alarmants, on a deux trois ans très difficile à passer" ajoute Emile Noyer président de la fédération du bâtiment en Haute-Garonne

 

Exsangue, la filière formule des propositions à destination des parlementaires

La filière de l'immobilier et de la construction demande notamment :

- débloquer du foncier et mettre en oeuvre "une pause normative" du cadre législatif et règlementaire, comprenez : une révision de la mise en application de la loi zéro artificialisation nette. "Cette loi a du sens, mais on doit se donner du temps pour la mettre en oeuvre pour qu'elle soit acceptée par les acteurs et les habitants, car on va devoir construire en hauteur" explique Emile Noyer.

- Suspendre les ponctions sur le logement social "pour permettre aux organismes HLM d'investir à nouveau" explique Emile Noyer.

- Maintenir partout un prêt à taux zéro (PTZ) pour le neuf.

- Rétablir le dispositif Pinel. 

- Mettre en place un observatoire du coût des matériaux.

 

Des doléances qui doivent atterrir sur le bureau des parlementaires de Haute-Garonne.

 

de Vincent Aguilera, le président de la Chambre de Métiers et de l'Artisanat de la Haute-Garonne
de Vincent Aguilera, le président de la Chambre de Métiers et de l'Artisanat de la Haute-Garonne
Crédit : @100%Radio