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Voler, c'est pécher: un ancien curé condamné.

Ce prêtre avait détourné près de 700 000 Euros de dons des fidèles. Il a été condamné à Foix.

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16 février 2016 à 15h56

Un curé ariégeois de 80 ans, jugé pour avoir détourné, pendant deux décennies, quelque 700.000 euros de dons des fidèles, a été condamné mardi par le tribunal de Foix à 18 mois de prison avec sursis et 50.000 euros d'amende. Avare ou simplement soucieux d'assurer ses vieux jours, l'abbé René Heuillet, aujourd'hui hospitalisé, ne s'est jamais vraiment expliqué sur ses détournements systématiques. L'affaire avait été découverte par son successeur peu après son départ à la retraite en mars 2013. Sur 18 comptes bancaires de l'ancien curé de Saint-Lizier, les enquêteurs avaient retrouvé la quasi-totalité des fonds détournés placés sur différents contrats d'assurance-vie, au profit de sa soeur et de ses neveux depuis 2002. Ils avaient également saisi un coffre plein de pièces d'or et de dollars américains. Le tribunal de Foix l'a reconnu coupable d'avoir encaissé personnellement plus de 560.000 euros de dons et d'offrandes et plus de 106.000 euros de bénéfices des ventes de bougies votives. l devra restituer 666.246 euros, soit l'ensemble des sommes détournées, au diocèse de Pamiers (Ariège), partie civile, et lui verser 15.000 euros pour préjudice moral et 1.000 euros de frais de justice. Pour des raisons de santé, le vieil homme d'Eglise était absent aussi bien au procès de janvier qu'au jugement mardi. "Il se laisse littéralement mourir", avait estimé son avocate le 12 janvier, "il est accablé par le remords et par cette injustice".

La présidente tribunal, Isabelle de Combettes de Caumon, a annoncé sobrement le jugement en début d'audience devant de nombreux soutiens de l'ancien curé. A la sortie de la salle d'audience, l'avocate de l'abbé Heuillet a fait part de sa "déception" devant cette décision qu'elle a jugée "extrêmement sévère". "Rien n'est encore décidé, mais il y a probabilité forte qu'un appel soit formé", a déclaré Me Karine Briene, qui avait demandé la relaxe partielle de son client. Le jugement reste toutefois en deçà des réquisitions du procureur René Hébert qui avait refusé d'être "miséricordieux" à son égard. Il avait réclamé trois ans de prison avec sursis et 375.000 euros d'amende. "On ne s'attend pas à ce qu'un prêtre trompe ses voeux", avait fustigé de son côté l'avocat du diocèse, Me Ludovic Sérée de Roch, partie civile. L'abbé "aura un jugement à rendre devant Dieu", avait martelé le défenseur de l'Eglise, en dénonçant le comportement "obsessionnel d'un avare"  Malgré son "voeu de pauvreté".

L'ancien curé avait lui-même reconnu conserver la majorité des quêtes des messes des dix paroisses dont il avait alors la charge. "Je gardais les billets pour moi et faisais remonter les piécettes au diocèse", aurait déclaré le prêtre dans une déposition lue au procès par Me Sérée de Roch. Ni l'Eglise, ni les banquiers ni même le fisc n'avaient remarqué les agissements de l'abbé Heuillet. Ils avaient commencé dès son arrivée à Saint-Lizier, en juillet 1987, et duré jusqu'à février 2013. Pourtant, les sommes colossales restaient amassées sur les comptes du modeste prêtre, qui déclarait au fisc un traitement de 790 euros par mois. En outre, l'homme d'Eglise touchait chaque année un crédit d'impôt pour ses placements sur capitaux. S'il a d'emblée reconnu les détournements, l'enfant du pays, soutenu jusqu'au bout par nombre de ses paroissiens incrédules, n'a jamais réellement expliqué ses raisons. Pour une ancienne religieuse citée à l'audience, "il avait de plus en plus d'attrait pour l'argent". Pour son avocate, au contraire, le prêtre a agi "par peur de manquer" lorsqu'il serait âgé.
 

 

Source AFP.