Violences, menaces, harcèlement : profs et parents d'élèves sont à bout au collège de Canet
17 juin 2021 à 12h01 par La Rédaction
Ils demandent la démission de l'administration. Depuis 4 ans, le corps enseignant du collège de la Côte Radieuse à Canet-en-Roussillon dénonce une dégradation forte du climat scolaire dans l'établissement.
Le collège La Côte Radieuse est au centre des discussions depuis le lundi 14 juin dernier à Canet-en-Roussillon. Date à laquelle des professeurs et surveillants ont manifesté devant l'inspection académique. Les enseignants en ont assez de l'atmosphère qui règne dans le collège, des élèves dangereux, des sanctions trop légères et d’une administration qui "ne bouge pas" selon eux.
"Ça fait 4 ans que nous manifestons"
62 professeurs et assistants d'éducation ont manifesté ce lundi 14 juin au matin devant l'inspection académique de Perpignan. "Nous sommes très inquiets de la situation de notre établissement. Ça fait 4 ans que nous manifestons auprès de l'inspection académique. Nous manifestons nos inquiétudes sur le climat scolaire et la dégradation de notre établissement", nous confie une enseignante, qui n’a préféré ne pas donner son nom. Cela s'exprime par des difficultés quotidiennes dans la gestion du comportement des élèves. "Cela va du non respect du règlement intérieur jusqu'aux incidents graves, qui trouvent peu de réponses en termes de sanctions", nous dit un autre professeur.
Pour les manifestants, la crise du covid n'a fait que mettre sous silence un problème non résolu. Des conditions de travail pénibles et dangereuses sont aussi pointées du doigt. "On se retrouve en sous-effectif, avec un abandon total de la direction, et parfois 2 personnes pour surveiller 800 élèves. Quand on est en danger réel, la direction ne réagit pas", nous explique un assistant d’éducation.
Ils demandent le changement d’administration
En plus des conditions de travail difficiles, les enseignants pointent du doigt l'administration. Celle-ci ne sanctionnerait pas assez les élèves perturbateurs. La démission de l'équipe administrative a été demandée auprès de l'inspection académique. Frédéric Fulgence, le directeur de l'inspection académique des Pyrénées-Orientales, était selon lui déjà venu pour traiter le problème du collège de la Côte Radieuse.
"On ne fait pas les choses de cette manière ! C'est une très lourde sanction de licencier tout le personnel administratif de l'établissement sans faute grave et sans demander leur accord", répond Frédéric Fulgence. Il ajoute que "les portes de son bureau restent ouvertes pour tout dialogue avec les enseignants, afin de trouver ensemble des solutions."
Les parents d’élèves s’ajoutent à la mobilisation
De nombreux parents d'élèves apparaissent aujourd’hui aussi exténués par la situation. En soutien avec les professeurs, une vingtaine d’entre eux se sont réunis devant les grilles de l'établissement ce mercredi 16 juin, et ont appelé les autres à ne pas amener leurs enfants à l’école (selon les professeurs, 813 élèves étaient absents, 60 étaient présents).
Certains ont témoigné à notre micro et nous confient ce sentiment partagé d’impunité. "J'ai appris à la fin de l'année que ma fille avait été harcelée depuis le deuxième trimestre avec une de ses amies, qui elle, a été harcelée toute l'année. Son papa a porté plainte, mais rien n'a bougé", raconte Stéphanie Tirado. Pour cette mère, mais aussi enseignante dans un autre établissement, retirer son enfant du collège n’a pas été chose facile, mais "nécessaire" pour la sécurité de son enfant.
D'autres parents moins concernés ont également manifesté leur soutien. "Ma fille me raconte qu'il y a quand même pas mal de bagarre dans l'enceinte du collège. J'en ai vu une à l’extérieur devant le collège, et ça m'a choqué parce que la fille n'a pas été sanctionnée et est revenue comme si de rien n'était le lundi", témoigne Myriam.
Attouchement, agression, menace au couteau…
Pour l'association indépendante des parents d'élèves, cela ne fait pas de doute : "l'académie n'a aucune idée de la situation actuelle au collège." "Les parents nous envoient beaucoup de mails pour nous raconter l’histoire de leurs enfants. On a par exemple une jeune fille de sixième qui a été frappée à plusieurs reprises. On a un autre élève qui a fait des attouchements sur une élève de sixième, et qui lui a montré son pénis. Voilà le genre de chose qui se passe", s’inquiète une membre de l’association de parents d’élèves, qui elle aussi a préféré rester anonyme.
Selon elle, d’autres cas graves sont survenus. Un élève aurait tenté de se suicider à cause du harcèlement. Un autre, lui, aurait menacé un surveillant avec un couteau. Lorsque que celle-ci se rapproche de l’administration, la réponse est souvent la même : "cela a été géré, cela a été vu, ou est en cours d’enquête". Cependant, le retour des parents est complètement différent. Les élèves ne seraient effectivement pas sanctionnés, ce qui les pousserait à faire la loi eux-mêmes. Pour l’heure, la colère est grande, et le dialogue n’a pas encore réellement démarré.
Jérémy Puig