Une peine de 30 ans, incompressible pendant 20 ans, pour le tueur de Carbonne Morgan Rocca
La soirée "chemsex" avait viré au massacre. Il a tué un homme d'une cinquantaine de coups de couteau en 2019, après un premier meurtre similaire en 2003.
23 mars 2023 à 6h29 par Brice Vidal
Morgan Rocca a été condamné, ce mercredi, à 30 ans de réclusion criminelle, dont une peine de sûreté de 20 ans. Verdict de la cour d'assises de Haute-Garonne à l'issue de trois jours d'un procès éprouvant. La peine est lourde pour cet homme qui, dans son appartement de Carbonne, a massacré son amant d’un soir en octobre 2019. Une cinquantaine de coups de couteau avaient été portés à celui avec qui il flirtait, lors d'une soirée sur fond de drogue dure et de sexe sado masochiste. Lourde car l’accusé, en récidive, a déjà tué en 2003. Il était en liberté conditionnelle lors du crime dans le Volvestre. L'avocat général avait demandé la réclusion criminelle à perpétuité.
Le cas Rocca, c’est celui d’un ancien cuisiner varois, fils d'une famille de la classe moyenne, sans histoire. Mais esclave de ses addictions, ses pulsions sexuelles et meurtrières. Dans le box, Rocca, coiffure sage et regard fuyant, a semblé perdu au cours des trois jours d'audience. Tantôt hésitant lors des confrontations tantôt obséquieux avec les magistrats. Dépassé. Pour Me Eric Mouton, l’avocat de la maman de la victime, Rocca n’a jamais vraiment parlé ; "c'est le seul regret qu'on peut avoir dans ce procès" dit-il "il évoque l'absence de souvenir, la prise de drogue massive, l'absence d'explication, on va être obligé de faire avec ça". Une question demeurera, pourquoi Rocca n'a pas saisi sa chance lors de son aménagement de peine à partir de 2017 ? Pourquoi avoir frappé, poursuivi et lardé de coups de couteau la victime, un maçon portugais cachant lui aussi ses tendances homosexuelles.
Durant ces trois jours, la famille de l'accusé (père, mère, sœur) a fait preuve d’une dignité exemplaire, le soutenant sans l’excuser. Et après le verdict dans une salle déserte, le père de Morgan Rocca put discuter longuement avec le président de la cour d’assises Noël Picco. Comme si ce papa meurtri cherchait aussi une forme de rédemption, en échangeant avec le juge qui a prononcé la sentence. Un moment d’intense émotion pour Me Julie Racoupeau l’avocate du tueur " c'est très rare je n'avais jamais vu ça," lâchait-elle "je trouve que la famille a fait preuve de beaucoup de courage, beaucoup de dignité, malgré les faits qu'il a pu commettre, ils ont toujours été là" explique la pénaliste qui se souviendra toujours "du jour où j'ai appelé la famille pour leur annoncer le placement en garde à vue de leur fils pour des faits en récidive". En détention, Morgan Rocca devra se soumettre à un suivi socio-judiciaire strict, accompagné de soins ; pour espérer un jour sortir de prison. Mais pas avant 2043.
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