Ukraine : Nila et ses deux enfants hébergés par deux généreux Catalans près de Perpignan
C'est dans leur maison à Canohès qu'Alain et Florence ont décidé d'accueillir Nila et ses deux jumeaux d'un an et demi. Ils font partie de la centaine de réfugiés rapatriés dans les Pyrénées-Orientales ce dimanche.
7 mars 2022 à 20h05 par John Bourgeois
La solidarité est encore bien en place dans les Pyrénées-Orientales. 110 Ukrainiens sont arrivés ce dimanche 6 mars au parc des sports de Perpignan après une opération de rapatriement co-organisée par l'association Cataladon et la mairie perpignanaise. Après un trajet de 30 heures de la frontière polonaise aux Pyrénées-Orientales, ils ont été installés ce dimanche dans un gymnase pour 24h à 48h. Depuis, l'association et la mairie organisent leur relogement chez des habitants volontaires du département. Certains vivent déjà depuis dimanche dans la maison de ces âmes charitables, comme Nila et ses deux enfants.
Nila a du fuir son pays en guerre avec ses deux petits jumeaux de 1 an et demi, et laisser son mari sur place, parti au combat. Ils ont tous les trois été accueillis depuis dimanche soir par Alain et Florence, deux habitants de Canohès. Nous avons pu les rencontrer ce lundi.
"Je remercie énormément pour le soin que l'on nous donne"
Un jour après son arrivée à Perpignan, Nila apparait aujourd'hui évidemment très fatiguée, mais soulagée. "Maintenant je n'ai plus aucun sentiment d'anxiété, comme à la maison", nous dit-elle, avant de raconter ces derniers jours chez elle à Lviv, à l'ouest de Kiev en Ukraine. "Chaque fois j'entendais l'alarme et nous devions courir au bunker pour nous cacher. Je ne savais pas quoi faire, réveiller les enfants au milieu de la nuit ou attendre et ne rien faire."
Aujourd'hui, elle dit avoir été "très bien accueillie". "Nous avons toujours eu ce dont on avait besoin, de l'aide pour notre situation. Je remercie énormément pour le soin que l'on nous donne avec mes enfants. Ils se sentent encore un peu confus, mais j'espère qu'ils s'adapteront rapidement", confie la jeune maman qui restera "le temps qu'elle le souhaite à Canohès", prommettent ses hôtes.
"On a toujours eu cette idée d'aider son prochain"
Alain, retraité depuis plus d'un an, et Florence, préparatrice en pharmacie à la clinique Saint-Pierre de Perpignan, se sont proposés pour accueillir des réfugiés ukrainiens chez eux à Canohès. Très investis dans le monde associatif, ils ont été mis en relation avec l'association Cataladon grâce à une collègue de travail de Florence, mais aussi présidente de l'association Natangué (aide au Sénégal), dont est membre Alain. C'est ensuite que l'accueil de Nila et de ses enfants tombait sous le sens.
"Il était évident qu'on propose notre aide. Il n'est pas possible de laisser comme ça des gens dans la rue. Qu'ils soient Ukrainiens ou autres, on aurait été maison d'accueil", explique Florence. "On a toujours eu cette idée d'aider son prochain. Donc, comme on avait un étage de vide, on 's'est proposé de le mettre à disposition d'une petite famille", ajoute son mari Alain. Le couple a réservé une grande chambre à Nila et ses deux petits jumeaux, et tentent de les réconforter comme ils le peuvent dans cette période plus que complexe.
"On essaie de les mettre le plus possible à l'aise"
Nila, Arthur, Victoria, Alain et Florence cohabitent donc depuis 24 heures. Les débuts ne sont pas forcément simples mais la petite famille et ses hôtes s'adaptent. Il y a déjà la langue. "Moi je parle plus catalan qu'anglais donc heureusement qu'il y a les traducteurs", se satisfait ce supporter de l'Usap qui fait le maximum pour aider ses invités. "On essaie de les mettre le plus possible à l'aise", nous dit-il, tout en nous confiant éviter les questions sur leur passé qui peuvent gêner. "On ne veut pas être intrusif dans sa vie, donc on la laisse avancer et s'adapter", précise Florence.
Alain témoigne de l'état de Nila, Victoria et Arhtur depuis leur arrivée. Nila est "très fatiguée" selon lui. "Je pense qu'elle tient par rapport à ses enfants qui sont très jeunes. c'est ça qui l'empêche d'exploser." Une rayon de soleil est tout de même apparu depuis l'accueil de ces réfugiés. Nila et ses enfants ont pu avoir une conversation vidéo avec le papa resté en Ukraine. Une conversation de seulement 3 minutes, mais bel et bien "3 minutes de bonheur" pour Alain.
Les hôtes saluent également la solidarité catalane
Si Alain et Florence précise que rien n'aurait pu se faire grâce au travail "admirable" de l'association Cataladon, "aidée par la clinique Saint-Pierre, Femme Internationale Murs brisés, et Aide et Partage France Ukraine", ils tiennent à saluer aussi l'élan de générosité d'autres Catalans. "J'ai contacté des amis qui de suite ont réagi. Ils sont arrivés avec des jouets nettoyés et lavés. Aujourd'hui ils sont en train de voir pour habiller la maman", confie la préparatrice en pharmacie.
"Certains m'ont demandé s'ils doivent apporter des cagettes de fruits, parce qu'ils mangent beaucoup de fruits. D'autres ont proposé des jouets supplémentaires pour l'extérieur. On nous a prêté un lit supplémentaire. C'est énorme toute la solidarité qui se met autour de ça", se réjouit-elle. Alain lui a même sorti la voiturette de son enfance, pour tenter d'apporter un peu de gaité aux enfants de Nila. Ils assurent continuer d'aider tant qu'ils le peuvent, c'est-à-dire jusqu'à deux mois, date de leur voyage au Canada prévu de longue date. Le président de l'association Cataladon nous disait lui dimanche que beaucoup d'Ukrainiens à Perpignan ne souhaitaient rester que jusqu'à deux semaines dans le département. Aujourd'hui, l'association se mobilise pour assurer un suivi à toutes ces familles, tant pratique que psychologique.