Trafic d'influence : 2 ans ferme requis contre Yvon Collin
Le sénateur de Tarn-et-Garonne risque très gros.
22 septembre 2017 à 8h02 par Brice Vidal
Quatre ans de prison, dont deux avec sursis, et quatre ans d'inéligibilité, ont été requis jeudi à Lyon à l'encontre du sénateur du Tarn-et-Garonne Yvon Collin (RDSE), poursuivi pour "trafic d'influence passif" dans une affaire de corruption présumée en 2010. La 5e chambre du tribunal correctionnel a mis son jugement en délibéré au 3 novembre. "Vous avez devant vous un individu malhonnête qui ment depuis le début" de l'audience, a lancé le procureur Fabrice Tremel, pour qui "le doute n'a pas sa place dans ce dossier" car "les investigations sont accablantes". Pour le magistrat, "la thèse du complot et du règlement de comptes politique" avancée par M. Collin, "ne tient pas" car "on a des accusations écrites et verbales corroborées par la réaction extrêmement suspecte" du sénateur. "Vous avez fait preuve de malhonnêteté. Un élu doit être irréprochable. Il a un devoir d'exemplarité", a ajouté le magistrat, dénonçant un "enrichissement personnel". Il a également réclamé 30.000 euros d'amende.
A l'origine de l'enquête ouverte en novembre 2012, une lettre adressée à plusieurs personnes par un proche d'Yvon Collin, Jean-Pierre Gonzatti, dans laquelle il affirmait avoir remis au sénateur 40.000 euros pour financer une campagne électorale en échange d'un emploi pour son jeune neveu. Mais M. Collin aurait empoché l'argent sans honorer le contrat. Parmi les destinataires, un vénérable d'une loge maçonnique à laquelle appartenaient les deux prévenus avait fait un signalement au parquet de Montauban. Le dossier avait ensuite été délocalisé à Lyon. Poursuivi pour "trafic d'influence actif", M. Gonzatti était absent à l'audience pour raisons de santé.
Le parquet a réclamé contre lui 18 mois de prison, dont 12 avec sursis, et 5.000 euros d'amende. Mal à l'aise à l'audience, le sénateur de 73 ans a mis en doute la crédibilité de M. Gonzatti, "un mythomane, un peu perturbé". "Je ne parle pas de complot mais de règlement de comptes politique", s'est défendu M. Collin, qui avait invoqué lors de l'enquête un épisode de son affrontement avec l'ancien président du conseil départemental du Tarn-et-Garonne, Jean-Michel Baylet, dont M. Collin fut proche avant de devenir un rival politique. Et qu'il avait battu aux sénatoriales de 2014. "On ne peut plus vivre dans une fiction de la preuve fondée sur l'intime conviction", a plaidé pour sa part Me François Saint-Pierre, le conseil de M. Collin, en demandant la relaxe de son client. "Il y a eu une guerre fratricide à Montauban parmi les gens du PRG, les 40.000 euros c'était une aubaine pour M. Baylet", a-t-il dit.
Source : AFP.