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Toulouse : Les policiers équipés de LBD bientôt avec des caméras piétons ? Pas si simple...

L'annonce du ministre de l'Intérieur est compliquée à mettre en place en pratique. Explications.

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Publié : 25 janvier 2019 à 9h28 par

Cela permettra-t-il de réduire les tensions lors des manifs des gilets jaunes?

Ce mardi 22 janvier, Christophe Castaner, le ministre de l'Intérieur a annoncé devant la commission des lois de l'Assemblée qu'il allait demander d'équiper les policiers utilisant lanceurs de balles de défense (LBD) de caméras piétons".  "Au moment de l’usage du LBD, il faut qu'ils puissent actionner les caméras piétons pour que s’il y a un débat, une contestation, un contentieux, on puisse produire ces images, y compris dans le cadre judiciaire".
 

Une mesure qui est censée être appliquée dès ce samedi 26 janvier et une façon de répondre aux différentes voix qui s'élèvent contre ces LBD, notamment celle du défenseur des droits, Jacques Toubon, qui a demandé leur suspension. En effet, au moins quatre personnes ont été gravement touchées à l'oeil (sur 81 enquêtes judiciaires ouvertes par la police des polices, l'IGPN, alors que le journaliste David Dusfrene a recensé plus de 150 violences policières). Un homme de 29 ans avait notamment été quelques jours dans le coma après une manif à Toulouse, en décembre.

Le procureur de Toulouse a indiqué ce vendredi que trois informations judiciaires étaient ouvertes après des blessures occasionnées à des manfiestants - l'instruction doit déterminer si ce sont des policiers (équipés ou non de LBD) qui ont provoqué ces blessures. 

Les policiers eux soulignent que les LBD, qui permettent de propulser des projectiles de 40mm de diamètre, ne sont pas des armes létales. Aucune bavure mortelle en France depuis le début du mouvement des Gilets jaunes. Les moyens lacrymogènes n'ont, par ailleurs, aucune utilité quand les assaillants viennent "au contact" des forces de l'ordre. Et il est hors de question de se servir de l'arme de service. 

Une vidéo pas systématiquement activée

Christophe Castaner a précisé que ces dispositifs de caméra piéton devront être "systématiquement" activés "en conditions normales" mais pas "en cas d'agression" des forces de l'ordre, sans en dire plus.
Eric Morvan le directeur général de la police nationale a précisé les choses dans un télégramme : "les policiers sont invités à enregistrer quand ils tireront au LBD, et seulement lorsque les circonstances le permettent. Et en aucun cas, l’absence d’usage de la caméra ne constituera un motif invalidant le recours au LBD".

On le voit bien, les dispositions sont donc très peu contraignantes.

Seulement trois heures d'autonomie ! 

Didier Martinez, secrétaire du syndicat Unité SGP Police en Occitanie pointe d'autres problèmes : "Il faut voir si on pourra doter tout le monde. En plus, ce sont des appareils sensibles, qui ont une autonomie limitée...Elles marchent non stop trois heures, et les personnels en maintien de l'ordre un samedi ils sont douze heures sur le terrain ! Et quand il faut réagir très vite à une offensive et qu'il faut penser d'abord à enclencher la caméra et de se défendre, ça pourrait compliquer la configuration. " 

Mieux disperser les manifestants?  

Alors concrètement que faire pour qu'il y ait moins de blessés ? Didier Martinez est persuadé qu'il faudrait un ordre de dispersion plus clair et plus fort. " Il y a des manifestants qui sont là pour faire passer un message et il y a des casseurs, il faudrait mieux faire passer le message disant que l'usage de la force et des LBD va être actée et qu'il ne faut pas rester sur les lieux", assure-t-il. 

A Toulouse, les gilets jaunes doivent manifester à 14h samedi en centre ville pour l'acte XI. Le maire Jean-Luc Moudenc leur demande d'y renoncer et va recevoir certains gilets jaunes au Capitole. L'élu va aussi leur prêter gratuitement des salles municipales pour l'organisation de débats dans le cadre du grand débat national. 

 


Bilan au 25 janvier des manifestations des gilets jaunes en Haute Garonne :

La police a procédé à 353 interpellations depuis le début des manifestations, 313 gardes-à-vue ont été prononcées. 40 000 manifestants ont défilé à Toulouse en cumulé. 72 personnes ont été jugées en comparutions immédiates, la justice ayant prononcé une quarantaine de peines de prison ferme, pour 20 personnes incarcérées (mandat de dépôt). Par ailleurs 160 policiers et 20 gendarmes ont été blessés.