Toulouse. Ichem, tué pour un deal de coke à 40 000 euros : un groupe de Guyanais comparait pour séquestration et meurtre
Leur procès s’ouvre ce lundi 16 mai 2022 devant la cour d’assises de Haute-Garonne.
16 mai 2022 à 10h05 par Brice Vidal
Carotté et garroté. On pourrait résumer ainsi ce qu’a subi Ichem Gillet dans la nuit du 16 au 17 septembre 2018 à Toulouse. Le petit trafiquant de 36 ans, pourtant interdit de séjour dans la Ville rose, est retrouvé mort le 17 septembre dans sa voiture, moteur tournant, portières ouvertes et radars de recul enclenchés. La MINI est stationnée avenue du Lauragais. Le corps porte des traces de sang séché, des lésions au visage. Mais surtout des lividités cadavériques qui ne correspondent pas. Le légiste est formel, Gillet est mort asphyxié, mais pas ici. Il a été transporté.
Les policiers de la Sûreté départementale n’auront pas à chercher longtemps. Trois jours plus tard, deux amis de la victime contactent le commissariat. Venus de Cannes, ils affirment avoir accompagné Ichem Gillet à Toulouse le 16 septembre au soir. Le trentenaire voulait vendre sa voiture et la situation se serait envenimée avec l’acheteur. La réalité est quelque peu différente. Les enquêteurs vont rapidement comprendre que les trois individus venaient avec une sacoche de liquide traiter un deal de coke, au domicile d’un groupe de Guyanais quartier Empalot. Gillet entre seul au domicile des trafiquants et n’en ressortira jamais. Pire, les Toulousains braquent les deux accompagnateurs de la voiture ouvreuse, calibre sur la tempe et les parties intimes. Ils sont sommés de déguerpir et ne se feront pas priés. Pour Ichem c’est déjà trop tard. Mais les deux camarades ne préviendront pas la police ni ne feront demi-tour. Même quand les Guyanais les contacteront pour venir chercher leur copain « mal en point ».
La sacoche d’Ichem Gillet contenant 40 000 euros a été volée. Le soir les Guyanais laisseront le cadavre et iront fêter ça dans une boite mal famée de Toulouse, le Barnum à Montaudran. Selon les constatations médicales, Gillet a été saucissonné, bâillonné et étouffé. Volontairement ou non c’est à la justice de la déterminer. Les 4 agresseurs ont-ils obstrué les voies respiratoires sans le vouloir ou était-il prévu de ne pas laisser Gillet repartir vivant du guet-apens à l’avoir fait « carotte » ? « Il est mort séquestré, étouffé par ses ravisseurs pour un mobile purement financier » explique Nicolas Raynaud de Lage qui représente les proches de la victime « ce n’était pas l’homme parfait, mais il est mort de manière atroce, on réserve de meilleurs sorts aux animaux » et les accusés « qui se renvoient la responsabilité » « n’ont pas hésité à voler l’argent et fêter ça en boîte de nuit. » L.P., B.P., J-F N. (mineur au moment des faits) et T.H. sont jugés pour enlèvement, séquestration suivie de mort. M.L. pour non-assistance à personne en danger. Les accusés sont défendus par Mes Duguet, Bianchi, Momasso Momasso, Alefeld et Rucel.
Verdict attendu vendredi.