Témoignage 100%. Accident du travail : Sonia a failli brûler vive dans un food-truck à Toulouse
La vie de cette salariée de la société La Parenthèse a basculé en septembre à cause d’une fuite de gaz. Elle veut que la justice identifie les responsables.
15 décembre 2022 à 12h33 par Brice Vidal
La vie de Sonia est devenue un calvaire. « Je suis une grande brûlée, les douleurs ne me quittent plus » affirme cette trentenaire dont le corps a subi les outrages du feu.
Le 16 septembre dernier, rue de Cugnaux à Toulouse, le food-truck dans lequel elle était employée a littéralement explosé « c’était une boule de feu ». Elles sont deux dans le camion-restaurant de la société La Parenthèse ce jour-là, « il y avait une fuite de gaz recensée deux jours auparavant. » Vers 12h30 une explosion de gaz retentit, « mes jambes et mes cuisses ont pris feu ». Paniquée Sonia saute dans les plantes les plus proches pour éteindre les flammes, « c’était un rosier... ça s’est éteint devant mais pas à l’arrière de mes jambes, alors je me suis jetée au sol avec une grande violence, la scène dure 10 à 20 secondes ». Sonia est en crise, sous le choc, elle craint que le camion n’explose intégralement. Heureusement les pompiers et le Samu mettent 5 minutes à arriver et à prendre en charge les deux grandes brûlées.
« J’ai vu la mort en face pendant 15 jours »
« J’ai vu la mort en face pendant 15 jours » raconte-t-elle des sanglots dans la voix. Sonia sera hospitalisée au service des grands brûlés de l’hôpital Rangueil « j’ai eu une réanimation d’un mois dans un box à plus de 25 degrés avec des injections de morphine et de kétamine » contre ses douleurs insoutenables. « Quand on a des brûlures au 2e et 3e degrés on a derme, épiderme et hypoderme brulés, la cuisson ne s’arrête pas, pour moi ç’a duré entre 6 jours et 2 semaines » avec « une douleur de 15 sur 10 ». Exclusivement alitée pendant trois semaines, Sonia ne sortira de l’hôpital que 31 jours plus tard. « Je me suis forcé à marcher, c'était un combat, au début je faisais un malaise vagal dès que je me levais » explique celle qui élève un enfant de 4 ans. Lequel a vécu par procuration le calvaire de sa maman « il m’a donné la force de me battre. »
Aujourd’hui, le corps de Sonia est ravagé « ce sont des douleurs au quotidien, depuis peu ça ne cuit que le soir dans mon lit. Dans la journée j’ai des compressifs et des crèmes qui atténuent les douleurs. » Comme si ça ne suffisait pas, la jeune femme s’est déplacée le coccyx et le bassin dans sa chute le 16 septembre. Le préjudice physique et moral est colossal « c’est un chaos, je n’arrive même pas à réaliser totalement, tous les jours il faut se résilier à avoir le corps mutilé, je ne peux pas rester plus de 5 minutes debout et pas plus de 10 minutes assises sans avoir mal, qu’est-ce que je vais faire au plan professionnel » se demande la mère de famille.
Sonia veut comprendre
La Toulousaine oscille entre colère et incompréhension, « il y a forcément un responsable » affirme la salariée de La Parenthèse « je veux savoir ».
La société a-t-elle continué d’utiliser son food-truck alors qu’elle avait eu connaissance de cette fuite de gaz ? Le contrôle de l’installation était-il effectué de manière conforme ? Des réparations avaient-elles été effectuées récemment ? Autant de questions qui devront inexorablement trouver une réponse « pour que j’aille mieux ». Selon le parquet de Toulouse une enquête a bien été diligentée. Le groupe d’appui judiciaire du commissariat de la rive droite est en charge du dossier, « les investigations se poursuivent, nous sommes en attente de l’expertise de la conduite de gaz pour établir les éventuelles responsabilités » explique le parquet. Parallèlement l’Inspection du travail a ouvert une procédure. Sonia, la grande brûlée défendue notamment par Me Agnès Galan, a besoin de réponses pour espérer se reconstruire.
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