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Réforme des retraites : ces Toulousains qui seront dans la rue pour la première fois jeudi

À Toulouse, entre 15 000 et 20 000 personnes sont attendues dans les rues. Et certaines personnes n’auront encore jamais battu le pavé avant. Portraits.

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18 janvier 2023 à 12h10 par La Rédaction

 

La grève nationale contre la réforme des retraites, c’est ce jeudi 19 janvier. Et certains iront manifester pour la première fois ! À Toulouse, huit organisations syndicales ont appelé à la mobilisation, la CGT, FO, CFDT, la CFE-CGC, FSU, la CFDT, l’Unsa et Solidaires. Selon des sources policières, entre 15 000 et 20 000 personnes sont attendues dans les rues de la Ville Rose. Parmi elles, des Toulousains qui n’ont jamais manifesté auparavant. C’est le cas de Pauline, 28 ans : « Je n’ai jamais participé aux gilets jaunes ou à toute autre manifestation d’ailleurs. Mais là c’est la réforme de trop. Jeudi, je serai dans la rue pour la première fois de ma vie, mais j’espère que ça sera la dernière ».

Et pour Kimberley, employée polyvalente dans une grande enseigne de prêt-à-porter, c’est le moment de sortir ses pancartes, cachées dans son placard depuis fort longtemps. « Ça fait de très nombreuses années que je n’ai pas fait grève au vu du comportement du gouvernement, qui grignote de plus en plus nos droits et nos acquis sociaux. Mais aussi à cause des citoyens. On est devenu une société très divisée, je m’étais donc résiliée, comme beaucoup, à participer à ce genre d’événement. Mais cette grève contre la réforme des retraites elle est historique, c’est la goutte de trop, j’ai eu un vrai déclic dans ma tête ».

 

« Tous les citoyens doivent se mobiliser, être unis et soudés »

La mesure qui inquiète, l’âge de départ, repoussé à 64 ans d’ici 2030. « Mon père a 55 ans, il travaille dans le bâtiment. À chaque fois que je le vois, il a le dos en vrac. Les gens comme lui ne peuvent pas travailler jusque là, ce n’est pas possible », se révolte Pauline. Mais cette employée de la grande distribution s’inquiète aussi pour son cas personnel : « J’ai un enfant de huit mois et je ne sais pas ce que je vais lui laisser. Je porte des cartons très lourds toute la journée, à tout moment je crèverai au travail à 60 ans ». Et même si la retraite est encore loin pour certains, toutes les générations seront mobilisées. « On a besoin de s’unir pour nos grand-parents, nos parents et les générations futures. Avant, on travaillait tôt et on faisait le même job jusqu’à la retraite. Mais pour les gens de mon âge c’est différent. On nous demande de multiples diplômes et on arrive plus tard sur le marché de travail », assure Kimberley, qui approche les 28 ans. Elle ajoute : « Ma génération a grandi avec l’idée de se constituer elle-même sa retraite. J’aimerais bien avoir des enfants un jour et je n’ai pas envie qu’ils vivent avec ce poids, celui de travailler jusqu’à 64, voire 70 ans. Car aujourd’hui c’est 64 ans, mais dans dix ans ça sera quoi ? »

Et parmi les arguments qui reviennent régulièrement, le cas des métiers jugés « pénibles ». « Partir à 64 ans quand on a travaillé dans un bureau à la limite, mais c’est pas la même chose pour ceux qui ont trimé sur des chantiers toute leur vie, dans des conditions difficiles. Il y a aussi la santé mentale des gens à prendre en compte, pas seulement les pénibilités physiques », soutient Kimberley avant de conclure : « Tous les citoyens doivent se mobiliser, être unis et soudés. C’est pour ça que j’irai dans la rue jeudi alors que je n’y vais jamais. Si on manifeste pas maintenant, plus tard ça sera quoi ? »

 

Valentine Gaxieu