Procès du viol collectif de Balma : 7 à 10 ans de prison pour les accusés
Publié : 4 mars 2021 à 20h04 par Brice Vidal
Le verdict est attendu ce jeudi soir.
Les quatre accusés ont été reconnus coupables de viol en réunion, ce jeudi soir. Pour avoir violé une jeune tarnaise de 19 ans sur le parking d’une discothèque de Balma, le Carpe Diem en septembre 2018, Adil M. est condamné à 10 ans de réclusion criminelle. 9 ans de réclusion pour Zeghloul O. et Mohamed E. Et 7 ans de prison pour Mahfoud N.
L’avocat général David Sénat avait requis ce jeudi matin 13 ans de réclusion criminelle à l’encontre de Adil M. et Zeghloul O., 11 ans contre Mohamed E., et 9 ans contre Mahfoud N.
La cour a assorti les peines, pour chaque accusé, de suivis socio-judiciaires de 4 ans avec obligations de soin, d'indemniser la victime et d'obligations de travail. En cas de non-respect, les condamnés s'exposent à deux ans de prison supplémentaires.
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Un procès tendu, à huis clos
Les images de ce viol collectif avaient été diffusées sur les réseaux sociaux. Notamment Snapchat. Lundi au premier jour d’audience, les images ont été décortiquées devant la cour criminelle siégeant à huis clos, à la demande de la partie civile. Un procès sous tension dans lequel dès les premières heures, la victime, traumatisée de revoir ses bourreaux présumés, sortait de la salle en pleurs. Le tribunal suspendait l’audience. Trois des accusés, avaient fui le territoire français juste après les faits en 2018, et avaient été l’objet de menaces de mort. Mardi, la directrice d’enquête de la Section de recherches de la gendarmerie de Toulouse, en charge des investigations, a décrit l’exploitation des vidéos par ses services.
Des accusés « qui se sabotent »
Lors de l’instruction trois des quatre accusés ont nié ou minimisé les faits "ils se sabotent" nous glissait une source proche du dossier. Selon Me Caroline Marty Daudibertières, avocate du seul accusé qui admet avoir violé la jeune femme "c'est une soirée qui dérape dans un contexte d'alcoolisation. Dans un premier temps, la relation est consentie, après..." déclarait-elle à l’AFP. Me Robin Sénié Delon défend Mohamed E., un chauffeur livreur âgé de 21 ans, qui plaide non coupable ; " il soutient avoir eu une relation consentie, mais reconnait sa lâcheté puisqu’il indique s’être éloigné quand la situation dégénère totalement."
Un autre accusé, aujourd’hui âgé de 29 ans, a tout avoué. Un homme sans antécédent ni carence éducative apparente. Mahfoud N. est venu participer à l’agression, sans comprendre la portée de son geste selon Me Marie Ange Cochard son avocate ; "depuis le début il s’excuse, ce mardi il a craqué, pleuré, c’est quelqu’un qui a été très sensible lorsqu’il a revu les faits infligés à la partie civile. Les gendarmes le qualifient d’opportuniste. Il va falloir réfléchir à ce qu’il fera demain lui."
Une victime « paumée » qui commencera sa reconstruction après le verdict
Me Ravyn Issa, l’avocate de la partie civile a plaidé ce mercredi. Cette audience aura, selon elle, le mérite de permettre à la victime un début de reconstruction. La Tarnaise « avait peur de voir ses bourreaux mais elle est venue" explique celle qui a insisté dans sa plaidoirie sur la souffrance endurée," je me suis sentie violé par le monde entier" lâchera sa cliente. Ravyn Issa qui n’aura de cesse de regretter l’absence de remords des accusés "c’ était des excuses d’opportunités, sauf un qui apparait sincère. Les trois autres n’affichaient aucune forme d’empathie" à l’égard de la victime, cette jeune femme un peu paumée.
L’instruction révèlera qu’elle aurait été violée à l’adolescence. Mais également qu’elle se serait ensuite convertie à l’Islam pour se marier religieusement, dans une mosquée de Basso Cambo à Toulouse. Avant de connaître plus tard une lente de descente aux enfers lors de laquelle " elle s’est prostituée à plusieurs reprises via le site Cocoland durant le mois d’août précédant les faits" nous révèle une source proche du dossier.
Les réactions après le verdict
"Pour être honnête, elle a trouvé que le quantum des peines était bas" indiquait Me Ravyn Issa mais "ce qu'elle recherche c'est la reconnaissance de sa qualité de victime. C'est ce qu'elle est venue dire ici : les victimes n'ont rien à se reprocher. Jamais."
"C'est une peine sévère mais mon client l'accepte. Il regrette" déclarait Me Caroline Marty Daudibertières qui ne fera pas appel du verdict. Pas d'appel non plus pour le moins lourdement condamné, représenté par Me Marie Ange Cochard qui décrivait un homme ayant mis à profit ses trois ans de détention préventive "pour réfléchir".