Près de Perpignan. Anne-Isabelle vit depuis dix jours avec une famille de huit Ukrainiens
Cette avocate des Pyrénées-Orientales a accueilli Galina et ses sept enfants de 3 à 16 ans le 7 mars dernier à Torreilles. Communication, activités, scolarité, elle nous raconte son nouveau quotidien.
17 mars 2022 à 12h16 par John Bourgeois
C’est une cohabitation pour le moins singulière qui est en cours en pays catalan. Galina, et ses septs enfants, ont fui la guerre en Ukraine et leur région de Lviv, pour rejoidnre Perpinan le 6 mars dernier après une opération de rapatriement. Cette famille nombreuse a été acceuillie le lendemain par Anne-Isabelle Gaillard-Aimerich et son mari, dans leur résidence secondaire à Torreilles.
« Lorsque nous avons appris quelle était l’ampleur des dégats et de la situation en Ukraine, et on s’est dit que c’était le moment », explique l’avocate qui s’est très vite proposée pour accueillir des réfugiés. Voilà maintenant une dizaine de jours qu’elle vit avec huit d’entre eux.
10 jours après : le bilan
« De notre côté, on a essayé de faire en sorte que cette famille soit accueillie de la meilleure manière possible. Et c’est la raison pour laquelle on a bénéficié d’un énorme élan de solidarité », décrit Anne-Isabelle, qui salue la générosité de nombreux amis, comme d’habitants inconnus. Après dix jours de vie en communauté, elle fait le constat d’une « aventure hors du commun ».
Galina, elle, décrit très positivement son accueil à Torreilles et dit « aller très bien maintenant ». Mais évidemment, sa reconnaissance n’efface pas la tristesse. « Ils nous disent être très contents de tout ce que l’on fait pour eux. Mais dans le même temps, je crois que la situation que vivent leurs proches en Ukraine les perturbe profondément. Et c’est avec beaucoup de pudeur qu’ils partent se cacher dans la maison pour pleurer », témoigne Anne-Isabelle.
« Leur faire découvrir notre territoire »
Après avoir pu répondre « aux besoins primaires » de ces réfugiés, comme l’alimentation ou encore les probématiques de vêtements par exemple, Anne-Isabelle tente aussi de répondre à leurs « besoins psychiques », et ce, en organisant quelques sorties. « Ne serait-ce qu’aller taper dans un ballon de foot, ou que les garçons du quartier leur apprennent le rugby », explique cette avocate, également artiste. Elle en a donc profité pour leur faire découvrir sa passion.
« On a eu la possibilité de les amener au conservatoire de Perpignan où ils ont assisté au concert de Paule Brana et le Brass Band, où ils ont découvert Game of Thrones. » Un moment privilégié pour ces jeunes ukrainiens et leur maman, « pour leur montrer que la musique pouvait aussi intervenir, si ce n’est pour adoucir les mœurs, leur faire découvrir notre territoire de la manière la plus agréable possible, dans un contexte qui reste dramatique. »
Une nouvelle priorité : la scolarité
Alors que près de soixante enfants ukrainiens vont bientôt être scolarisés dans des établissements scolaire des Pyrénées-Orientales, les enfants de Galina sont également concernés. Ils vont intégrer dès le 22 mars prochain un dispositif d’immersion scolaire à Perpignan. Un problème se pose cependant : comment les amener à l’école ? Ces derniers sont âgés de 3 à 16 ans et sont donc à des niveaux scolaires différents. Cela veut dire des prises en charge dans plusieurs écoles, et une voiture ne suffit pas aujourd’hui.
Anne-Isabelle ne pouvant pas non plus les amener tous les matins à l’école, elle attend donc « une réponse de la mairie de Perpignan pour pouvoir transporter les enfants de Torreilles à Perpignan ». Ce dispositif scolaire se fait sur une période de cinq semaines. Il s’agit là en fait d’une « immersion dans la langue française aux cotés de tous les enfants ukrainiens qui ont voyagé avec eux depuis la province de Lviv », précise Anne-Isabelle, qui attend maintenant avec impatience « que leurs papier arrivent avec ce statut spécifique pour ces populations ukrainiennes déplacées. »