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Mauricio Reggiardo, retour aux sources

C'est le premier entretien du technicien castrais pour 100%.

100%

Publié : 26 juin 2019 à 16h34 par

Le nouvel homme fort du Castres Olympique revient dans son club de cœur, après y avoir joué et être venu deux fois comme entraineur dans des situations délicates. Pour la première fois, il a toutes les clés sur le long terme. Il nous présente son projet.

 

Vous saviez que vous reviendriez un jour à Castres ?

Dans un coin de ma tête, il y avait toujours la possibilité de revenir. C’est le seul club professionnel dont j’ai porté le maillot et à deux reprises je suis venu donner un coup de main. Il m’a donné la possibilité de me développer en tant qu’homme, de fonder ma famille, c’est un peu chez moi.

 

Sportivement, c’est une progression ?

Oui, c’est un club qui va me permettre de lutter pour le top 6. Aujourd’hui, Agen est un club qui est en train de se stabiliser en Top14, qui n’a peut-être pas encore l’ambition de jouer le haut de tableau. Le CO a l’habitude de jouer le haut de tableau, comme le montre ses 8 qualifications en 10 ans !

 

Le groupe peut-il être fatigué, usé après la déconvenue du mois de mai ?

Non. J’ai la chance d’arriver dans un groupe avec des joueurs très costauds, la plupart des joueurs sont champions de France et se sont qualifiés plusieurs fois en phases finales. A moi d’arriver à les remobiliser. La façon dont s’est finie la saison dernière est une surprise. Je fais partie des 99,99% de personnes qui croyaient que Castres allait se qualifier ! La frustration est énorme et j’aurais la chance de trouver un groupe revanchard.

 

Ne pas se qualifier du coup, ce serait un échec ? Vous aurez cette pression sur les épaules ?

Je n’aime pas le mot pression. Moi je n’ai aucune pression ! Je fais un super métier, c’est ma passion ! J’ai une obligation de résultat, il me faut amener le CO à sa place et sa place, c’est dans les 6. Mais pas de pression, je dors très bien la nuit. C’est un objectif raisonnable, atteignable. A moi et à mon staff de faire le nécessaire pour amener l’équipe où il faut.

 

Le groupe est quasiment identique, avec seulement quelques recrues. Pourquoi ?

C’est un choix. Avant de donner mon accord au président Revol, j’avais rencontré plusieurs joueurs, et nous avions pris l’option de garder tout le monde. Ce sont des joueurs qui sont très bons et qui représentent bien l’identité du club : le respect, le travail, le sacrifice.

Il y a quand même des changements avec un nouveau coach, un nouveau manager…On va se mettre en place et évaluer tout ça.

Mais on a fait ce choix et on va essayer de développer des jeunes à fort potentiel. Moi je crois que quand on a un joueur professionnel moyen, il empêche un jeune joueur de se développer. Dans mon effectif, j’aime avoir des joueurs issus de ma formation. Quand vous arrivez à avoir six ou sept joueurs de votre formation dans l’effectif, ils ramènent de l’amour pour le maillot. Dans le rugby pro où les joueurs changent de club chaque année, c’est plus difficile à trouver. Quand tu as 7 ou 8 joueurs dans ton 15 de départ, depuis tout petit dans ton club, tu sais qu’ils aiment le club.

 

Ces joueurs issus du club, il y en a actuellement dans l’équipe…

Oui ! Marc-Antoine Rallier, Florian Vialelle, Mathieu Babillot, Victor Moreau…Et les jeunes : le petit Jérémy Fernandez, le petit Tartre, Tarin, Clerc, Sauzaret…

Un jeune à fort potentiel, il ne va jamais vous décevoir dans l’engagement et l’investissement. Il peut commettre des erreurs, oui, mais c’est le prix à payer. Je préfère faire jouer des jeunes, pour avoir des joueurs qui amèneront l’amour pour le maillot.

 

Justement, le CO n’est-il pas en retard sur ses concurrents dans le domaine de la formation ?

On travaille déjà énormément avec Matthias Rolland pour développer tout ça. On a fait évoluer l’organigramme du centre de formation. Philippe Carayon est directeur du centre de formation, et Cédric Jalabert est désormais à la tête du secteur sportif, en relation avec moi.
Il y a le moyen-long terme, qui prend du temps, et le moyen-court terme. Là, on a fait un recrutement intéressant.

 

 

                                                                                         "Je crois qu'aujourd'hui nous n'avons pas une très bonne image avec les arbitres"

 

 

Vous arrivez avec votre staff, vous nous le présentez ?

Il est divisé en deux parties. Une qui ne connaissait pas le club : Stéphane Prosper, un des meilleurs techniciens que j’ai connu. Il s’occupera de l’attaque et des trois quarts. Et Patrick Furet, qui a un passé avec le club, il a joué ici, et qui s’occupera de la défense et des avants. C’est un très bon technicien, pas trop connu parce que personne ne lui a donné vraiment sa chance mais c’est quelqu’un qui connait très bien le poste. Surtout, pour former un bon staff, je crois que le coté humain est aussi important que le coté technique, et là j’ai des supers mecs.

L’autre partie ce sont des gens qui connaissent bien le club : Sitiveni Sivivatu, qui s’occupera des skills et de la technique individuelle, et Romain Teulet, qui sera intervenant au club.

Au niveau de la préparation physique, ce sera quasiment la même équipe. Quand vous avez des mecs comme Vincent Giacobbi, qui est très compétent, dont tous les joueurs parlent en bien, on ne va pas le changer ! C’est le cas des autres, ce sont de supers professionnels. Il y a un kiné qui a fait le choix de partir, je le remplace par Emmanuel Panis. Et j’ai rajouté une seule personne, Nicolas Frize, un kiné, ancien joueur de Top14 qui a travaillé avec moi à Albi.

Je crois que les coachs et les managers changent. Le reste, les préparateurs physiques, les kinés, les analystes vidéos, ils font partie de l’identité et la structure d’un club.

 

Vous avez changé depuis votre dernier passage à Castres ?

J’ai évolué dans mes compétences. Mais l’homme n’a pas changé. J’ai un franc parlé comme toujours, je dis les choses. Je fonctionne à la confiance, je respecte les gens. J’ai horreur du manque de respect entre les gens, c’est quelque chose que je ne supporte pas. Il faut que mon équipe soit respectueuse. J’ai peut-être un passé de joueur contre lequel j’ai beaucoup lutté…Depuis deux ans, mon équipe d’Agen était l’équipe avec le moins de carton jaune du Top14. Avec les mauvais côtés que j’avais en tant que joueur, je sais très bien ce qu’il ne faut pas faire (rire).

 

Castres, depuis un moment, est une équipe très sanctionnée, et qui a parfois une image contrastée, vous allez essayer de changer ça ?

Il y a beaucoup de fautes qu’on peut éviter. Certaines pénalités sont inévitables, d’autres le sont.
Je crois qu’aujourd’hui, nous n’avons pas une bonne image avec les arbitres. Ils ne sont pas dans les meilleures dispositions pour aller arbitrer Castres. Ça il faut le changer.

 

Vous faites allusion à certains joueurs ciblés par le corps arbitral, comme Rory Kockott ?

Non, Rory ça fait 8 ans qu’il est comme ça, ce n’est que depuis 2 ans qu’on parle du CO comme une équipe compliquée à arbitrer ! Peut-être que ce n’est pas Rory le problème. Aujourd’hui on le voit plus à lui, mais c’est toujours le même joueur. En 2015 il nous gagne le match de Lyon tout seul, c’est toujours le même Rory.

Chaque équipe a un joueur compliqué à arbitrer. On en avait peut-être plusieurs. On était ce petit club qui avait beaucoup de valeurs et aujourd’hui, tu le vois, quand les adversaires jouent contre Castres ils sont encore plus remontés pour à la fin pouvoir leur dire qu’ils les ont battus ! Moi je veux garder ce coté agressif, car ça fait partie de l’identité du club, c’est notre carte de visite, jouer contre Castres ça ne doit pas être marrant, mais il faut retrouver de la discipline.

 

En termes de jeu, que souhaitez-vous apporter ?

Un rugby peut-être plus ambitieux. On sait que Castres est la meilleure défense du championnat. On ne va pas le changer ! Le point à améliorer aujourd’hui, ce sont les rucks. Pour avoir de la vitesse, soit tu fais des offloads, soit tu fais des rucks de moins de trois secondes. Aujourd’hui ce n’est pas le cas.

 

Propos recueillis par Cyrille Masson.

 

La préparation du Castres Olympique dans les prochaines semaines :

 

Elle débute le 1er juillet par trois semaines de préparation au Levezou. La 4ème semaine, un stage à Saint Lary, suivi d’une coupure de 5 jours, puis 2 matchs amicaux dans le cadre du Vaquerin, contre Mont de Marsan et Bristol.