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Lévothyrox : l'expertise judiciaire favorable à Merck est-elle tronquée ?

Le laboratoire aurait changé la formule décriée pour orienter l'expertise.   

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30 avril 2019 à 14h06 par Brice Vidal

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La bataille judiciaire est loin d'être terminée pour les victimes du nouveau Lévothyrox. Et notamment pour Sylvie Chéreau qui porte le fer depuis plusieurs mois comme une quarantaine de malades de la région. 

Outre la procédure au civil à Toulouse, une information judiciaire a été ouverte à Marseille pour tromperie aggravée, blessures involontaires et mises en danger d'autrui en mars 2018, élargie en février 2019 au motif d'homicide involontaire après le décès d'une femme. 

Le 24 avril dernier, un courrier émanant du cabinet de la juge d'instruction Mathilde Bloch du Pôle santé publique du TGI de Marseille, indique que les deux rapports d'expertises réalisées par l’institut Swiss Médic et le laboratoire SPCMIB de Toulouse, évoquent des lots de Lévothyrox "qualitativement conformes."

 

Colère de l'AFMT

L'association française des malades de la thyroïde contre-attaque le 27 avril dans un communiqué jetant le trouble sur l'indépendance des laboratoires nommés : "un des laboratoires [...] Swissmedic, n’est autre que l’autorité [...] de contrôle des produits thérapeutiques en Suisse (l’équivalent suisse de l’Agence française ANSM) [...] le Dr Philippe Girard, cosignataire du rapport d’expertise, est membre de sa direction et responsable des autorisations de mise sur le marché des médicaments."

 

 

Les lots expertisés par la justice sont-ils les bons ? 


Pour la Commingeoise Sylvie Chéreau, un autre problème se fait jour : les lots expertisés ont été confiés à la justice par les laboratoires Merck. Ils pourraient ne pas correspondre aux lots de médicaments incriminés dès  2017. "Merck a revu sa fabrication [...] les différents lots ne sont pas contaminés de la même façon [...]  les lots expertisés en justice doivent êtrre donnés par l'AFMT !" s'indigne la fondatrice du collectif des victimes du nouveau Lévothyrox en Occitanie. 

 

Pour le Docteur Nicolas Bouvier "l’opacité la plus forte, la plus organisée et la plus scandaleuse règne [...] il convient de poursuivre les analyses chimiques des différents lots ayant été mis sur le marché en 2017. Il est également utile de s’interroger sur la qualité des lots de Lévothyrox actuellement commercialisés [...] ". C'est le médecin rémois qui avait mis en évidence des contaminations de malades sous Lévothyrox aux impuretés métalliques. Des analyses confirmées par le laboratoire "ANALytika qui avait démontré la présence de Nickel et de strontium (déc 2017) " précise le communiqué de l'AFMT. Voir ici. 

Sylvie Chéreau, fondatrice du collectif des victimes du nouveau Lévothyrox en Occitanie.

 

 

L'AFMT et son avocat Me François Lafforgue entendent demander une contre-expertise auprès du juge d'instruction marseillais. Le collectif de victimes en Occitanie, représenté par Me Jacques Lévy, attend le résultat de son jugement au civil le 9 mai. Avant de se joindre à la procédure marseillaise. 

 

 

La réponse de Merck suite à la publication de l'article de 100%

 

 

La directrice de la communication de Merck nous indique dans un courriel en date du 03 mai 2019 que, "dans le cadre de l’information judiciaire en cours, des boîtes médicaments ont été saisies par les enquêteurs, de manière aléatoire et indépendante. Merck a toujours pleinement collaboré avec la justice et les enquêteurs, et a fourni tous les renseignements utiles à leur travail."

 

Constance de Quinsonas ajoute que "la qualité ainsi que la conformité de la nouvelle formule du Levothyrox ont été confirmées par les autorités de santé indépendantes françaises et européennes [...] le laboratoire fait preuve d’un niveau de transparence sans précédent [...] toutes les informations demandées pour éclairer les différents aspects du dossier Levothyrox, ont été publiées ou transmises aux autorités règlementaires, judiciaires et politiques.

 

Merck précise également "qu’à date, le Dr Bouvier n’a jamais pu étayer scientifiquement aucun de ses propos diffamatoires et mensongers. Toutes ses déclarations – au-delà de leur caractère anxiogène - ont été à chaque fois démenties par les faits et les analyses réalisées par les autorités de santé."