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"Les frères Kouachi ont eu raison" : un élève toulousain fait l'apologie du terrorisme, une enquête ouverte

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28 juin 2021 à 11h55 par Brice Vidal

Le collège Bellevue a fait face à un cas inquiétant de radicalisation en milieu scolaire.

 

L'essayiste toulousaine Fatiha Agag-Boudjahlat a joué les lanceuses d'alertes ce week-end, publiant un tweet qui a déclenché un tonnerre de réactions sur les réseaux sociaux. L'affaire fait écho après l'assassinat de Samuel Paty, cet enseignant décapité par un terroriste pour avoir présenté en cours les caricatures de Charlie Hebdo. Elle pose plus que jamais la question sociétale de l'embrigadement de jeunes gens par l'idéologie djihadiste.

Les faits se seraient déroulés "dans un collège toulousain" selon Fatiha Agag-Boudjahlat ; "un jeune, petit fils d’imam" explique-t-elle se serait "opposé à une prof d’arts plastiques", cette dernière ayant montré "des statues grecques (nues)" ; l'adolescent aurait déclaré que "les frères Kouachi avaient eu raison." (terroristes auteurs de la tuerie de Charlie Hebdo en janvier 2015). Selon nos informations, les faits se sont bien produits au collège Bellevue de Toulouse comme le raconte la militante de la laïcité.

On en sait plus ce lundi.

 

Des statues en arts plastiques objet du courroux du jeune radicalisé

Lors d’un cours d’arts plastiques à l'automne dernier, un élève de 3e a affirmé qu'il est "interdit de représenter des visages". Sa professeure l'a repris en indiquant qu’il s’agit "d’une posture religieuse" qui n’a "pas de raison d’être en classe" nous confirme le Rectorat de Toulouse. Il n'y aurait pas eu de nouvel incident en cours.

Mais quelques jours plus tard, l’élève est allé voir son enseignant et a tenu des propos "relevant de l’apologie du terrorisme" expliquent les services régionaux de l'Education Nationale.

 

La professeure a-t-elle été soutenue ?

Fatiha Agag-Boudjahlat dénonce dans son tweet un prof "non soutenue", "y compris par une grande partie de ses collègues" parce que "le gamin dans ce collège bourgeois vient du Mirail".

Renseigné par la professeure, le principal aurait pourtant immédiatement prévenu le Rectorat. Cette situation "a dès-lors fait l’objet d’une vigilance toute particulière" souligne l'académie de Toulouse. Le chef d'établissement a été "aussitôt contacté par le référent académique ' Valeurs de la République'  et par le cabinet de l'inspection académique de la Haute-Garonne". L'équipe s'est rendue au collège "pour rencontrer les personnels en réunion plénière" tente de rassurer l'institution.

 

Exclusion "avec sursis" de l'élève mais enquête ouverte par le parquet

Le référent académique "radicalisation" est intervenu auprès des équipes et une formation sur la prévention de la radicalisation s’est tenue dans les semaines suivantes.

Mais le conseil de discipline s'est prononcé seulement pour une sanction d'exclusion définitive "avec sursis" du jeune le 19 novembre 2020. Le procureur de la République de Toulouse a pourtant été saisi et l’élève aurait été interrogé par la police. Le rectorat a déclenché "la protection fonctionnelle" à l'enseignante. Elle a également "pu bénéficier du soutien des assistantes sociales du service social en faveur des personnels."

Le parquet de Toulouse précise ce lundi "il s’agit bien d’un élève âgé de 16 ans" qui a "tenu des propos de nature apologétiques au collège Bellevue entre le 29 septembre et le 12 octobre dernier" dans le cadre de cours "sur les portraits d’art" ; le procureur de la République confirme aussi "une référence particulièrement malvenue aux frères K." 

Placé sous statut de témoin assisté, l'adolescent a fait l’objet d’une ordonnance de non-lieu le 7 janvier 2021. 

Ces révélations interviennent alors qu'on apprend la mise en examen du militant islamiste Abdelhakim Sefrioui pour "complicité d'assassinat" de l'enseignant Samuel Paty le 16 octobre 2020.