Le gazoduc Midcat, qui passe par les Pyrénées-Orientales et l'Aude, un projet jugé "climaticide" par un collectif
Midcat est un gazoduc qui doit relier la péninsule ibérique au reste de l’Europe, et qui revient sur le devant de la scène depuis un vote du Parlement européen. Le collectif franco-catalan "Non au Midcat" se remobilise pour bloquer le projet.
17 octobre 2022 à 15h21 par John Bourgeois
Le projet du Midcat fait beaucoup parler en ce moment des deux côtés de la frontière franco-espagnole. C’est un gazoduc qui doit relier la péninsule ibérique au reste de l’Europe, pour amener du gaz en provenance d’Afrique et des Etats-Unis, jusqu’à l’Allemagne. Ce très gros projet de l’Union Européenne est pratiquement terminé, et pourrait s'achever assez rapidement après un vote du Parlement européen.Voilà pourquoi le collectif "Non au Midcat" monte au créneau.
Un vote du parlement qui relance le projet
Il manque encore aujourd'hui 260 km pour que le gazoduc Midcat soit accompli, notamment entre Gérone en Catalogne espagnole, les Pyrénées-Orientales, et Trèbes dans l’Aude. Des kilomètres de gazoduc qui sont bloqués depuis 2019, en raison d'une vive opposition au projet. Sauf qu’avec la guerre en Ukraine et la difficulté actuelle de s'approvisionner en gaz, Midcat est revenu sur le devant de la scène.
Si le président français Emmanuel Macron y est défavorable, le Parlement européen a lui voté en faveur de la relance du projet le 5 octobre dernier. Un collectif, qui s'était lui mis en veille depuis le blocage du gazoduc, se remobilise désormais en Espagne comme en France. Et l'opposition est franche. Pour Phillipe Assens, porte-parole de "Non au Midcat" côté français, ce projet de gazoduc est "climaticide".
Des départements "balafrés" par le Midcat
Deux principales raisons expliquent l'opposition du collectif au gazoduc Midcat. La première concerne le réengagement de moyens sur le gaz en pleine période de transition écologique. "Nous souhaitons arrêter les énergies fossiles. [...] Il ne faut pas être en rupture immédiate, mais il faut arrêter les gros investissements sur des infrastructures, et au contraire passer à l'investissement sur des autonomies énergétiques des territoires. Transporter du pétrole, du gaz, ou de l'hydrogène entre l'Angola et le Danemark, ça n'a plus de sens", explique Phiippe Assens.
"C'est un chantier qui a une emprise sur le territoire équivalente à l'autoroute A9", ajoute le porte-parole de "Non au Midcat". Le deuxième contre-argument à un projet de ce type selon lui, c'est son impact "sur la biodiversité, la ressource en eau, et les paysages". "Cela fait 35 m de large avec des propriétaires et des communes qui ont uniquement des servitudes de passage. [...] On n'est pas d'accord que notre département soit balafré pour tous les habitants."
Appel à la mobilisation
Aujourd'hui, Philippe Assens et son collectif s'inquiètent de la réalisation du projet dans les 8 prochains mois, surtout après ce récent vote du Parlement européen. "Non au Midcat" enchaîne les actions pour faire parler de lui et recueillir le soutien de tous. La Région, le conseil départemental des Pyrénées-Orientales, et de nombreuses communes, associations, et syndicats soutiennent déjà le mouvement.
Le collectif aimerait par contre pouvoir un peu plus compter sur le département audois. Pour l'heure, l'appui vient essentiellement du pays catalan, côté français, comme espagnol. Selon le porte-parole du collectif, l'Aude serait concerné par un conflit d'intérêt. "Le porteur de projet du gazoduc avait promis des compensations aux communes. Soit des compensations financières, soit ils avaient promis de construire une grande retenue d'eau vers Tuchan et Paziols pour irriguer les vignes. C'est la raison pour laquelle les viticulteurs et les communes avaient préféré faire cavaliers seuls et négocier directement avec la multinationale." L'appel est donc lancé.
Photo d'illustration : mobilisation du collectif "Non au Midcat" en Catalogne espagnole