Lavaur : le directeur d'un domaine fruitier en garde à vue après les émanations de fumées noires
Publié : 14 avril 2021 à 17h12 par
Alors que de nouveaux braseros ont été allumés ce mercredi, le procureur de Castres Chérif Chabbi et le sous-préfet François Proisy ont tenu une conférence de presse commune. Le parquet annonçant le placement en garde à vue d'une personne et l’ouverture d’une enquête, après les émanations autour de Lavaur depuis mardi matin. Des fumées noires provoquées par des bottes de paille enflammées et alimentées en gasoil. Cette méthode pour protéger les vergers du gel est interdite depuis des dizaines d'années. Conséquence mardi, une vingtaine de personnes ont été prises en charge médicalement après avoir respiré ces fumées. La circulation routière a été très perturbées entre Lavaur et Ambres en raison de la visibilité nulle.
Le domaine de Fontorbes – Vergers du Sud serait dans le collimateur
Selon nos informations, l'individu mis en cause serait le responsable (directeur) du domaine de Fontorbes – Vergers du Sud. Une énorme exploitation du secteur. Rappelé à l'ordre dans un premier temps par la mairie de Lavaur au titre "des infractions à l’article 163 – Emissions de fumées - du règlement sanitaire départemental", c'est maintenant auprès de la Gendarmerie, chargée de l'enquête, qu'il devra rendre des comptes. Le maire Bernard Carayon avait dénoncé des nuisances "insupportables" enjoignant la société de préférer "un procédé alternatif par aspersion d’eau, susceptible d’être cofinancé par l’Etat".
Le mis en cause pourrait être poursuivi pour blessures involontaires et mise en danger
Pour ce type d'infraction, le régime de la garde à vue est rare, ce qui tendrait à démontrer la gravité des faits et l'impact sur la population. "Les auditions des mises en cause sont en cours et des victimes seront prochainement entendues, ainsi que des prélèvements et des expertises médicales réalisées" a justifié le procureur de la République qui a décidé de "placer sous scellés le fioul destiné à alimenter les feux." La société mise en cause risque jusqu'à 75 000 euros d'amende pour blessures involontaires et mise en danger d'autrui par violation d'une obligation de sécurité. Le parquet demande à toute personne impactée de contacter la gendarmerie.
Alerté, l'exploitant se serait entêté
François Proisy, sous-préfet de Castres "met en demeure l’exploitant agricole", visiblement les discussions en amont avec ses services n'avaient pas suffit à faire cesser les brûlages. Des résidus de suif et des hydrocarbures auraient été constatées dans l'Agout. Les services de pompage d’eau potable situés en aval, notamment en Haute-Garonne, ont été prévenus. Plusieurs des maraîchers du secteur nous ont dit "comprendre" la réaction du domaine en cause, tout en soulignant la nécessité de trouver "d'autres systèmes de production", comme ce maraîcher bio installé à Montgaillard qui "pense aux riverains".