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Latifa Ibn Ziaten : "on a avancé dans la lutte contre les dérives" mais "attention aux messages de haine sur les plateaux télé"

La mère d'Imad Ibn Ziaten, premier militaire tué par le djihadiste Mohamed Merah, mène un combat en mémoire de son fils depuis 10 ans. 

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16 mars 2022 à 11h51 par Brice Vidal

 

Il y a 10 ans, Mohamed Merah un petit délinquant toulousain lançait son périple meurtrier. Il tuait Imad Ibn Ziaten à Toulouse le 11 mars, puis le 15 mars deux soldats de 23 et 25 ans étaient abattus près du 17e RGP de Montauban : Mohamed Legouad et Abel Chennouf. Une 3e victime Loïc Liber survivait miraculeusement. Le 19 mars le tueur au scooter commettait un massacre qui allait bouleverser la France, quartier de la Roseraie à Toulouse. A l'école juive Ozar Hatorah, il abattait froidement un professeur de l'école, Jonathan Sandler ainsi que ses enfants Arié (6 ans) et Gabriel (3 ans). La fille du directeur, Myriam Monsonego (8 ans) était tuée à bout portant.

La Ville rose se souviendra dimanche. Emmanuel Macron aux côtés de M. Isaac HERZOG, Président de l’Etat d’Israël, se rendra à Toulouse le dimanche 20 mars, « à l’occasion des cérémonies de commémoration des dix ans des attentats de Toulouse et Montauban organisées par le Conseil Représentatif des Institutions Juives de France (CRIF) » indique l’Elysée ce mercredi. Les deux présidents déposeront une gerbe dans la cour de l’école Ohr Torah, au pied de l’Arbre de vie, un monument en hommage aux victimes. Les deux chefs d’Etat se rendront ensuite à la Halle aux grains, où aura lieu une cérémonie d’hommage aux victimes des tueries. Plusieurs textes seront lus par leurs amis et des membres de leurs familles, puis le Président de l’Etat d’Israël et le Président de la République prononceront des discours.

 

Latifa Ibn Ziaten : mère courage

Latifa Ibn Ziaten sera aussi « sans doute » présente lors des cérémonies. « C’est important pour les familles de victimes et les familles des militaires, il ne faut pas oublier nos enfants » soulignait la mère d’Imad tué à Toulouse. Un assassinat qui a bouleversé la vie de cette ancienne cuisinière. Engagée depuis 10 ans, Latifa Ibn Ziaten porte la bonne parole dans les établissements scolaires et les quartiers défavorisés, participant à des conférences en France et à l’étranger « je fais ainsi revivre Imad tous les jours » car « cette jeunesse c’est l’avenir, elle a besoin d’être écoutée, il faut lui redonner de la confiance, de l’amour ».

Persuadé qu’ « on a avancé sur les dérives de cette jeunesse », elle craint pourtant aujourd’hui « les messages de haine sur les plateaux télé, qui divise les gens, beaucoup de jeunes me demandent si c’est normal : la France les aime-t-elle vraiment ? » Convaincue que « la France c’est des droits, l’égalité et la liberté » son discours n’est pas toujours audible par la jeunesse issue de l’immigration maghrébine, « "Aimer les Français de cœur et pas de papier, les musulmans sont tous des terroristes" : comment peut-on entendre ça ? On touche la dignité des personnes » s’émeut-elle, ajoutant « si on n’avait pas fait ses ghettos, s’il y avait eu de la mixité scolaire, vous croyez qu’il y aurait des Merah ? Je ne pense pas ». Latifa Ibn Ziaten reçoit encore des menaces « pas seulement des islamistes radicaux, de l’extrême droite aussi » mais « ce n’est pas ça qui me fera peur » car « si on a peur, on laisse l’ennemi gagner du terrain ».

Celle qui a pardonné à Merah ce qu’il était, mais pas ce qu’il a fait s’explique « j’ai vu son parcours, il n’avait pas la chance d’avoir un cadre, des parents, il a été de foyers en foyers » mais « je ne pourrai jamais pardonner celui qui a tué mon enfant. Dieu le jugera. »