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La Préfecture de Toulouse : haut-lieu de la diplomatie européenne ce mercredi

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Publié : 16 octobre 2019 à 13h13 par Brice Vidal

Emmanuel Macron et Angela Merkel président le 21e Conseil des ministres franco-allemand.

 

130 journalistes accrédités, ce mercredi, à la Préfecture de Haute-Garonne. Lieu du 21e Conseil des ministres franco-allemand, une première à Toulouse. 

 

Séquence Airbus 

Le Président français et la Chancelière allemande ont atterri à Toulouse, peu avant 12h30. Les deux dirigeants ont visité la chaîne de montage de l’A350, avant d’échanger avec 4 salariés (français et allemands) d’Airbus. « Nous tenions à venir pour dire notre confiance en Airbus » soulignait le chef de l’Etat. Angela Merkel se disant « fière d’avoir été invitée dans cette entreprise de rang mondial » pour laquelle « nous ferons tout pour garantir le succès dans les années à venir ».

 

S’ensuivait un déjeuner dans un « avion campus ». Un avion sans moteur, ni siège mais avec câblages et destiné à l’écosystème de formation de l’avionneur européen. Une longue table ovale avait été dressée pour l’occasion, dans l’appareil. 

 

Le sommet : sourires de façade et tensions en coulisse

 

Emmanuel Macron et Angela Merkel sont arrivés  à la Préfecture aux alentours de 15 heures. Objectif : afficher leur entente dans un contexte international tendu. Après un entretien, les deux responsables présidaient la plénière du Conseil des ministres franco-allemand. Huit ministres français présents, parmi lesquels notamment Florence Parly, Christophe Castaner, Jean-Yves le Drian. Un imprévu pour commencer : Angela Merkel et Emmanuel Macron décidaient de se rendre, auparavant, au conseil de défense franco-allemand dans le palais Niel, à côté de la préfecture. À leur côté : leurs ministres des Affaires étrangères et des armées et leurs conseillers. 

Après l’industrie chez Airbus, nul doute que l’offensive turque contre les Kurdes serait au menu du volet défense et sécurité, même si le sujet doit être longuement abordé lors du Conseil européen ce jeudi. Le « Green deal » était évoqué le soir, avec Ursula Von Der Leyen, future Présidente de la Commission européenne arrivée vers 19 heures.

 

La "déclaration de Toulouse"

18h15 lors de la conférence de presse, le Président français et la Chancelière allemande annonçaient la signature de la déclaration franco-allemande de Toulouse. Les principaux points actés lors de ce conseil des ministres franco-allemand sont les suivants :

Défense : la France et l’Allemagne ont signé un accord juridiquement contraignant sur les règles de contrôle des exportations d’armements pour les programmes développés en commun, et levé des blocages importants pour poursuivre le développement du char et de l'avion de combat du futur. L'accord sur les exportations d'armement scelle une confiance mutuelle entre la France et l'Allemagne et constitue la condition du succès de projets communs comme le char et l'avion du futur (l'accord de l'autre pays pour exporter ces équipements sera donné automatiquement).

Climat : la France et l’Allemagne préconisent l'adoption rapide du "Pacte Vert" pour l'Europe proposé par Ursula von der Leyen. Ils soutiennent en particulier l’instauration d’un prix minimum du carbone au niveau européen pour contribuer à l’atteinte de l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050 et le projet de taxe carbone aux frontières.

Innovation : les agences française et allemande pour l’innovation de rupture vont financer des projets communs en 2020 dans le domaine de l'intelligence artificielle notamment.

Spatial : la France et l’Allemagne actent une "préférence européenne" pour les lancements de satellite (Ariane 6) afin de garantir notre accès autonome à l’espace.

Culture : la France et l’Allemagne rappellent leur détermination à faire respecter le droit d’auteur, alors que certaines entreprises cherchent à s’en affranchir.

 

Polemique nationale et situation internationale s'invitent dans le débat

Ce sommet avait lieu à Toulouse, ville parmi les premières à connaître l’horreur du djihadisme en 2012. Et à l’heure où l’offensive turque en Syrie provoque l’évasion d'ex-combattants de Daesh, il a semblé naturel de questionner le chef de l’Etat d'une part, sur la "dette" des Européens envers les Kurdes, attaqués par le régime d'Erdogan, et sur le risque de voir s'échapper ces djihadistes des geôles kurdes.

Le chef de l'Etat a tenu à rassurer la population française sur le supposé retour de ces djihadistes sur le sol européen : "si certains voulaient rejoindre la France, ils n'ont d'autres choix que de passer par la Turquie, avec qui nous avons un protocole qui fonctionne depuis plusieurs années et qui conduit les autorités turques à nous signaler ces personnes  [...] je veux rassurer chacune et chacun : il n'est pas question de voir d'un coup ces combattants arriver sur le sol français par miracle."

Emmanuel Macron a par ailleurs appelé mercredi à "être intraitable avec le communautarisme" mais sans stigmatiser "nos concitoyens", en dénonçant le "raccourci fatal" entre lutte contre le terrorisme et islam, en pleine nouvelle polémique sur le voile.

Interrogé pour savoir s'il se sentait responsable des polémiques et tensions en France depuis une semaine à propos du voile islamique, alors qu'il avait appelé la semaine dernière à combattre "l'hydre islamiste", le chef de l'État a dénoncé "un raccourci fatal" entre la lutte contre le terrorisme et l'islam.

 

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Photos : BV / Diaporama - Pool - Rémi Benoit.