La mairie de Perpignan contrainte de retirer la crèche de Noël de son hôtel de Ville : "c'est totalement fou" réagit Louis Aliot
Le tribunal administratif de Montpellier a été saisi, comme à Béziers, par la Ligue des droits de l'Homme en référé, et a tranché. Le maire perpignanais a annoncé hier faire appel. Il ne retirera pas la crèche avant la rentrée.
Publié : 22 décembre 2022 à 7h08 par John Bourgeois
Comme à Béziers ou Beaucaire, la crèche de Noël fait débat. Saisi par la Ligue des droits de l'Homme en référé, le tribunal administratif de Montpellier a ordonné à la commune de Perpignan de retirer la crèche de Noel, ou pessebre (le nom catalan de la crèche), de l’hôtel de ville "sous 24h". Pour rappel dernièrement, seize collectifs avaient dénoncé le non-respect d’une loi portant sur la laïcité. La justice est allé dans le sens, mais le maire de Perpignan ne compte pas en rester là.
Louis Aliot ne retirera pas la crèche avant la rentrée de janvier
Le maire de Perpignan défend depuis plusieurs semaines "la tradition culturelle et historique" du pessebre de son hôtel de ville. C'est donc pour cela qu'il a annoncé devant la presse qu'il saisirait le Conseil d'État pour faire appel de cette décision, qui suscite selon lui, "un certain émoi auprès de la population de Perpignan". La crèche, jugée non transportable par la mairie, restera dans l'hôtel de ville et sera démontée "à la rentrée de janvier".
Le maire du Rassemblement National ne comprend tout simplement pas pourquoi la crèche est attaquée aujourd'hui, alors qu'elle est en place dans la mairie depuis plusieurs années. "C'est totalement fou. Cette crèche, elle y était. Je n'ai fait que reproduire ce que faisaient mes prédécesseurs, et qui correspond à notre culture, à notre tradition, et qui est passé dans le domaine laïque. Ce n'est plus un problème de religion." Louis Aliot y voit une attaque politique "de groupuscules d’extrême gauche, qui sont sur des combats d'il y a un siècle." Les collectifs opposants s'appuient en effet sur une loi portant sur la laïcité datant de 1905.
Les élus paieront eux-mêmes les amendes
Devant la presse, le maire a également présenté sa stratégie pour régler les amendes induites par cette décision de justice. En cas de non respect, cela voudrait dire une peine d'une astreinte de cent euros par jour de retard du déplacement de la crèche (la justice l'établit sous 24h). Les élus de la municipalité ont donc décidé de participer eux-mêmes au règlement des pénalités de justice, via leurs propres dons, y compris ceux de l'opposition qui soutiennent Louis Aliot.
Chantal Bruzi, cheffe de file de l'opposition de droite à la mairie a en effet défendu hier l'installation de la crèche de Noël dans l'hôtel de ville, déjà en place à la mairie sous le mandat de Jean-Marc Pujol ou de Jean-Paul Alduy. "Je trouve que c'est dommage qu'on ne mette pas en avant et qu'on ne respecte pas plus les traditions locales, que la politique. Parce qu'on sent qu'il y a de la politique derrière", a déclaré ce mercredi Chantal Bruzi.
Une décision "satisfaisante" pour la Ligue des droits de l'Homme
Et alors qu’on s'indigne au sein de la maire, les représentants de la Ligue des droits de l’Homme se satisfont évidemment de la décision du tribunal administratif. Les justifications de "tradition catalane" du pessebre ne passent pas pour Bénédicte Nogueire, co-présidente de la Ligue des droits de l'Homme dans les Pyrénées-Orientales. "Un bâtiment public, c'est pour tout le monde. J'entends bien ce que veut dire pessebre, mais c'est quand même un signe religieux. Et puis disons-le, nous sommes dans une mairie où à l'évidence, ce genre de présentation est tout à fait admis", réagi-t-elle.
"Ce n'est pas qu'une attaque contre le Rassemblement National. Il se trouve que là, il s'agit du Rassemblement National, et que probablement, cela rajoute un poids supplémentaire à cette décision d'avoir mis la crèche dans la mairie. Mais nous le faisons aussi quelle que soit la couleur politique. C'est une question de principe", ajoute Bénédicte Nogueire. Aujourd'hui cependant, ce sont les mairies de Béziers, Beaucaire, et Perpignan, qui ont été contraintes de retirer leur crèche de Noël. Il s'agit de municipalité tenue par le Rassemblement National, ou alors par Robert Ménard, qui a lui soutenu ce parti à plusieurs reprises.