"La 3e guerre mondiale, on y est déjà" affirme le curé ukrainien de la Basilique Saint-Sernin de Toulouse
Le père Bogdan Velyanyk est originaire de l’ouest de l’Ukraine et il ne mâche pas ses mots contre Vladimir Poutine.
3 mars 2022 à 13h23 par Brice Vidal
Moment d’émotion à Toulouse ce jeudi. 12h05, le carillon de la basilique Saint-Sernin jouait l’hymne ukrainien juste après l’angelus. « Notre carillonneur, Maël Proudhom m’a soumis cette idée » expliquait Bogdan Velyanyk, curé recteur de la basilique lui-même d’origine ukrainienne « ça me touche d’autant plus que cette idée n’était pas la mienne ». Une semaine après le lancement de l'invasion de l'Ukraine, les forces russes ont pris leur première grande ville, Kherson, et intensifient leur pilonnage d'autres villes.
Ses proches ont pris les armes
Les proches et la mère de l’abbé sont restés au pays, « certains sont partis au combat, ils se sont désinscrits des groupes sur lesquels nous communiquions » et « ils m’ont dit : on se reverra peut- être... » Le prélat avoue dormir peu depuis une semaine, il prie constamment, « imaginez-vous si les chars de l’ennemi étaient autour de Paris et bombardaient. »
Il accuse le Kremlin de crimes et l'Eglise orthodoxe de complicité
Pour l’homme de paix toulousain « il ne faut pas se leurrer : la 3e guerre mondiale, on y est déjà » car « si Poutine n’est pas arrêté en Ukraine, ce combat se poursuivra dans d’autres pays. Peut-être le nôtre aussi. Les belles déclarations n’y suffisent plus, il faut une action concrète. »
Poutine est-il un homme de foi comme il se plait à se présenter ? Le jugement du prélat est sans appel « je n’en ai aucune idée », « par contre l’Eglise orthodoxe de Moscou - le patriarche Kirill ami de Poutine et ancien du KGB - a déjà pris position » précisant que « toutes les forces qui combattent la Russie en Ukraine sont les forces du mal », « n’ayant aucune pitié pour les civils qui meurent » accuse le recteur de Saint-Sernin.
Quant aux jeunes ukrainiens, prêts à prendre les armes pour défendre leur patrie, le père Bogdan formule une allégorie : « quand vous voyez un homme se faire tabasser dans la rue, que faites-vous, passer votre chemin, vous contentez de dire : c’est mal, ou vous allez l’empêcher ? »