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"Je dois aller bosser, personne ne va me payer la journée !" : les blocages des syndicats des Pyrénées-Orientales ne font pas l'unanimité

Cela fait deux jours que l'intersyndicale renforce son action contre la réforme des retraites à Perpignan, avec par exemple le blocage du marché Saint-Charles. Si beaucoup de "bloqués" comprennent les raisons, ils ne cautionnent pas forcément être pris pour cible.

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16 mars 2023 à 10h40 par John Bourgeois

 

 

Blocage de centre de courrier, de péages, de dépôts pétroliers, de zones économiques... les actions des syndicats des Pyrénées-Orientales s'enchainent depuis deux semaines pour intensifier la lutte contre la réforme des retraites. Ce mercredi 15 et ce jeudi 16 mars, c'est le blocage de la plateforme internationale de Saint-Charles qui concentre la grogne des opposants. Depuis deux matinées, tous les accès du rond-point d'Amsterdam sont bloqués, entraînant des bouchons monstres, mais aussi la colère de certains automobilistes et chauffeurs de poids-lourds.

Des automobilistes compréhensifs, mais agacés...

"Je suis un peu énervé parce que moi je dois aller bosser, personne ne va me payer la journée", déplore Yoann. Ce salarié du BTP s'est retrouvé à l'arrêt pendant plusieurs heures sur la zone de Saint-Charles. Comme la plupart des "bloqués" que nous avons interrogés, Yoann comprend tout de même le point de départ de cette mobilisation : "d'un autre côté, ils ont raison quand même de faire grève. C'est pour nos retraites, le pouvoir d'achat et tout ce qui s'en suit."

Problème pour cet autre conducteur, l'action n'aboutira pas selon lui. "Ils manifestent pour quelque chose, ok ! Mais la loi est déjà passée, ils ne vont pas revenir en arrière !" Cet homme, dont on ne donnera pas le prénom, est d'ailleurs sorti de sa voiture ce mercredi pour faire part de sa colère aux militants. Des tensions "logiques" pour Debbi : "il faudrait bloquer l'Etat, et pas les gens qui vont au travail", affirme-t-il. 
 

 

Une centaine de manifestants en place sur le rond-point d'Amsterdam ce mercredi 15 mars

Une centaine de manifestants en place sur le rond-point d'Amsterdam ce mercredi 15 mars


D'autres soutiennent !

Evidemment, d'autres routiers eux tempèrent. "Je soutiens l'action puisque, même si cela m'empêche d'aller au travail, les années de côtisations augmentent énormément", commente Elsa. Un soutien appuyé par ce chauffeur de poids-lourd qui devait justement rentrer dans Saint-Charles ce mercredi. "C'est très bien, parce que je ne veux pas conduire jusqu'à 64 ans ! Le gouvernement ne s'imagine pas la dureté du travail".

L'action de blocage de Saint-Charles est venue s'ajouter ce mercredi à la grande manifestation perpignanaise qui a rassemblé entre 4500 (selonla préfecture) et plus de 10 000 personnes (selon les syndicats). Des mobilisations qui se succèdent depuis des semaines dans tout le pays, mais qui ne changent pour l'heure pas grand chose à l'adoption possible de la réforme (ce jeudi). C'est bien là la raison du blocage pour Pierre Grousset, secrétaire départemental du syndicat UFAP UNSA Justice : "malgré tout cela, ça ne fait pas broncher le gouvernement. Donc, à un moment donné, que fait-on ? Il faut bien qu'on fasse quelque chose, puisque des millions de personnes dans la rue, cela ne suffit pas."

De leurs côtés, certains représentants du monde économique des Pyrénées-Orientales s'opposent à ces blocages, quels qu'ils soient. Guy Durant, le président du MEDEF 66, dit "comprendre ne pas être d'accord" avec la réforme des retraites. Sauf qu'après les différentes crises que subissent les entreprises du département, "vouloir mettre l'économie à genoux n'est pas une bonne idée" selon lui. Les débats sont en tout cas loin d'être terminés.
 

Automobilistes et chauffeurs de poids-lourds
Pierre Grousset, secrétaire départemental du syndicat UFAP UNSA Justice
Guy Durand , le président du MEDEF 66