Grippe aviaire : Pan sur le bec des autorités
Plusieurs éleveurs dénoncent les mesures prises par le gouvernement pour lutter contre la grippe aviaire. Ils viennent de créer une page Facebook.
25 janvier 2016 à 8h31
Des éleveurs de volaille, spécialistes du foie gras, se sont mobilisés sur Facebook sous le nom de "Les canards en colère" pour rassembler leurs pairs des 18 départements du Sud-Ouest touchés par les mesures gouvernementales de lutte contre la gripe aviaire. Sur Facebook, Lionel Candelon, fondateur du mouvement vieux de moins d'une semaine, a publié dimanche une lettre ouverte sur le site adressée au ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll. Son objectif est d'obtenir "l'abrogation totale de l'arrêté du 15 (bien 15) janvier 2016 et proposant une nouvelle réunion de TOUS les acteurs de la filière, y compris les plus petits", y lit-on. L'arrêté, qui doit être publié mardi, impose notamment l'arrêt de la production de palmipèdes durant au moins cinq mois. "Les canards en colère" dénoncent cet arrêté. "Cette mesure soudaine et d'une brutalité inouie à pris de court des milliers d'exploitations agricoles et d'entreprises de nos régions sud-ouest", disent ces producteurs de foie gras tout en se déclarant "bien conscients que l'épizootie d'influenza aviaire qui sévit appelle des mesures de biosécurité importantes". Ils mettent en garde le ministre que "le remède fasse plus de dégâts que le mal" d'autant qu'"aucun expert" ne garantira l'éradication du virus.
"Nous n'avons plus rien à perdre""
Si l'arrêté n'est pas retiré, a menacé cet entrepreneur des Hautes-Pyrénées, fils et neveu d'agriculteur, "nous prévoyons de gros mouvement dans le sud-ouest. Nous n'avons plus rien à perdre, nous nous battrons jusqu'au bout", a-t-il affirmé dans un entretien téléphonique avec l'AFP. "La filière touche 100.000 personnes directement. Les couvreurs ont déjà fermé dans le Sud-Ouest et les gens sont déjà en chômage technique", a-t-il dit. "Notre mouvement compte ce soir 2.763 membres -éleveurs et employés dans la filière, ainsi que des citoyens concernés- et nous allons créer une liste N2 parce que les sympathisants se multiplient", a-t-il déclaré à l'AFP. Une liste ne peut accueillir que 5.000 membres, a-t-il expliqué rappelant que le mouvement date de mardi dernier. "Nous n'avons de bannière ni syndicale ni politique. C'est un mouvement du peuple et je veillerai à ce qu'aucun groupe syndical ne le récupère", a affirmé cet ancien militaire, jugeant qu'aucun d'entre eux n'avait entendu la détresse des éleveurs depuis l'éclatement de la crise. Aujourd'hui, a également ajouté le fondateur du mouvement, "nous avons estimé à un milliard d'euros les indemnités qu'il faudrait à la filière (en cas d'entrée en vigueur de l'arrêté). Le gouvernement ne les a pas". Cedric Davant Lannes, un agriculteur du Gers, a lancé une pétition en ligne pour appuyer ces revendications : "Je suis canard". Elle avait recueilli dimanche soir 1.417 signatures.
TA avec AFP