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Face aux "runs" sauvages : « on va tester de nouvelles façons d’intervenir » prévient la police toulousaine

L’un des responsables de la Direction départementale de la sécurité publique de Haute-Garonne lève le voile sur la riposte des autorités face à ce phénomène.

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9 août 2022 à 18h52 par Brice Vidal

 

Ils pourrissent la vie des riverains : les runs sauvages et les rodéos urbains se multiplient encore dans la Ville rose et son agglomération. Le phénomène a de nouveau fait la Une alors que deux enfants de 11 et 10 ans ont été grièvement blessés vendredi à Pontoise lors d’un rodéo urbain.

 

A Toulouse, les « runs » rendent la vie et la rémission difficiles aux malades de l’Oncopole. Quand arrivent les beaux jours, que les routes sont sèches pour faire crisser les pneus, 200 voitures se réunissent route d’Espagne le vendredi. Au programme : 100 ou 400 mètres départ arrêté avec des bolides customisés au mépris de la tranquillité publique « les runs sont coordonnés via les réseaux sociaux contrairement aux rodéos, il existe des spots identifiés, des lignes droites où les participants peuvent accélérer fort, si possible pas trop près des habitations pour que la police ne soit pas prévenue immédiatement » décrit le commissaire Thierry Suau, chef de la division Toulouse Rive Gauche. Le phénomène est difficile à endiguer.

 

Jeu du chat et de la souris entre runners et policiers

 

Que fait la police justement ? La Direction départementale de la sécurité publique veille au grain « on a identifié leurs spots : Oncopole, Eisenhower, Ernest-Wallon ou Fenouillet et Grenade en zone gendarmerie. Ils passent de l’un à l’autre dès que nous arrivons » explique le gradé qui lorsqu’il est de permanence « a toujours peur qu’un run débouche sur un accident notamment en impliquant quelqu’un qui n’était pas concerné par le phénomène ». Cette année la police toulousaine a effectué plus de 18 opérations anti-runs, notamment sur l’Oncopole et plus de 400 contrôles pour 72 verbalisations et 3 saisies de véhicule.

 

Des techniques d'enquête « discrètes » empruntées aux stups

 

La saisie des véhicules de ces « passionnés borderline » : voilà l’arme fatale. Pour Thierry Suau la récente loi « est encore compliquée à mettre en œuvre » car « elle oblige les policiers à constater la répétition intentionnelle des manquements aux règles de sécurité ». Alors « il faut être présent au moment des faits pour bien caractériser l’infraction ». Mais les techniques d’enquête sont en train d’être améliorées : « on améliore les process pour être plus efficaces, on fait un marché des bonnes pratiques dans les autres départements » explique le policier qui élabore actuellement « de nouvelles méthodes, plus discrètes, peut-être en ayant recours à la vidéoprotection pour constater avant d’intervenir ». Les policiers pourraient alors plus facilement déclencher des interpellations après les faits, « le lendemain à 6 heures quand l’individu est identifié » et saisir les bolides. Des méthodes empruntées aux enquêtes relatives aux trafics de stupéfiants.

 

Avant 2020, un run pouvait rassembler jusqu’à 500 véhicules et le double de spectateurs autour de Toulouse, aujourd’hui la moyenne est plutôt à 200 véhicules « il reste un noyau dur ». Pas de lendemain qui chantent donc pour les délinquants de la route même si le patron de la Division Rive Gauche aimerait aussi « prendre contact avec les responsables d’associations pour voir ce qu’ils revendiquent » et pourquoi pas leur mettre des circuits à disposition pour éviter les « appropriations de l'espace public. »