"Elle veut mourir chez elle", témoigne cette femme condamnée pour l'enlèvement de sa mère dans un Ehpad de Port-Vendres
Françoise et son compagnon ont été condamnés à 2 mois de prison avec sursis et 1000 euros d'amende ce mardi au tribunal de Perpignan, et ce pour s'être opposés à une décision de justice qui plaçait la vieille dame sous tutelle dans un établissement spécialisé.
22 juin 2022 à 10h05 par John Bourgeois
C'est un procès qui s'est tenu dans un contexte familial très sensible ce mardi 21 juin au tribunal correctionnel de Perpignan. Une femme a été condamnée pour l’enlèvement de sa mère dans un Ehpad de Port-Vendres. 2 mois de prison avec sursis et 1000 euros d’amendes ont été prononcés hier à l’encontre de Françoise et son compagnon.
Un conflit familial au coeur de l'affaire
Françoise et son compagnon se sont opposés à une décision de justice qui ordonnait le placement de la mère de la prévenue sous tutelle dans un Ehpad de Port-Vendres. Cette femme de 85 ans est malvoyante et en fauteuil roulant. Sa fille s’en occupait pendant de longues semaines, avant de faire appel à une auxiliaire de vie pour l'aider, et qu’un conflit ne naisse avec ses trois frères.
Ces derniers, qui ne voyaient pas les choses de la même manière dans le traitement de leur mère, ont entamé les actions pour le placement de l'octogénaire. "Ce n’était pas la volonté de ma mère", explique Françoise. Elle a donc décidé de la retirer de son établissement de Port-Vendres, pour l’emmener dans une maison familiale à Sahorre le 30 mars dernier.
Une opposition claire qui lui a valu d'être très vite interpellée par les gendarmes, puis de répondre de ces faits au tribunal, avant sa condamnation.
"Elle m'a dit :"ammène moi chez toi !""
Pourquoi Françoise est allée jusqu'à cet acte que la justice a caractérisé "d'enlèvement" ? Elle a répondu au micro de 100% à la suite de son procès hier : "Parce que ma mère ne veut pas aller en Ehpad ! Elle veut mourir chez elle. Elle est dans un coin comme ça, elle me dit : "ammène moi chez toi !" Du coup, je l'ai prise, et je l'ai ammené chez moi", explique Françoise. Cette femme, qui a perdu son père quelques mois avant le placement de sa mère, est dévasté, et crie à "l'injustice".
Elle était opposée à ses trois frères au tribunal de Perpignan ce mercredi. Eux qui ont lancé selon elle l'action de justice "derrière son dos". Ils l'accuseraient de maltraitances et ne seraient pas en accord sur la capacité de Françoise à s'occuper correctement de sa mère. Pour l’heure, la justice a donné raison aux frères, et l’octogénaire, elle, reste sous tutelle à l’Ehpad de Port-Vendres. Françoise nous confiait ne pas vouloir en rester là. Il lui reste quelques jours pour faire appel.
Pour rappel, un premier procès avait été reporté quand l'avocat de Françoise avait demandé qu’une expertise psychiatrique de l’octogénaire soit réalisée. L'objectif était de déterminer si cette femme, qui dispose de peu d’autonomie, était en capacité ou non de s'exprimer sur son choix de lieu de vie. Une expertise qui n'est pas allée dans le sens de sa fille lors du procès.