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Drame de Saint-Laurent-de-la-Salanque : ce que l'on sait aujourd'hui de l'enquête

Le procureur de la République s'est exprimé ce jeudi par communiqué pour préciser les résultats des investigations menées après l'explosion et l'incendie qui avaient tué 8 personnes, dont deux enfants, le 14 février dernier. 

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14 avril 2022 à 11h01 par John Bourgeois


Cela fait maintenant deux mois jour pour jour que sont survenus cette explosion et cet incendie au coeur de la commune de Saint-Laurent-de-la-Salanque, dans les Pyrénées-Orientales. 8 personnes, dont deux enfants en bas âge avaient perdu la vie. Un drame qui a ému tout un département, et même tout un pays. Depuis plusieurs semaines, les interrogations sont nombreuses pour les proches des victimes, les habitants. Comment cette tragédie a pu se produire ? Qui en est à l'origine ? Est-ce un acte criminel ou accidentel ? Le procureur de la République de Perpignan s'est finalement exprimé ce jeudi 14 avril au sujet des avancées de l'enquête. 

La piste criminelle privilégiée : la présence d'activateurs d'incendie repérée

Les investigations techniques réalisées par l'Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale (IRCGN) ont permis, selon le procureur Jean-David Cavaillé, "d’exclure l’usage d’explosif et l'existence d'une fuite de gaz dans la ville". Des rumeurs s'étaient aussi propagées concernant des compteurs Linky qui auraient pu être à l'orgine de dysfonctionnements. Une piste écartée par les techniciens, puisque l'enquête a permis "d’établir que le point d’explosion se situait à l’épicentre de l’épicerie", mais aussi "la présence d’activateurs d’incendie non compatibles avec les produits proposés à la vente (hydrocarbures) et susceptibles de générer des vapeurs inflammables à l’origine d’une explosion de type explosion d’atmosphère".

3 hommes mis en examen et écroués, dont le gérant de l'épicerie

"La piste criminelle est donc privilégiée", indique le procureur de la République de Perpignan qui confirme que 4 hommes ont bel et bien été interpellés puis placés en garde à vue pour "destructions volontaires par incendie ayant entraîné la mort, des blessures ou des dégradations". Les gendarmes de la section de recherches de Montpellier ont alors procédé à l'audition de ces individus, avant que l'un d'entre eux ne soit mis hors de cause. Il s'agit du gérant de la rôtisserie, le commerce mitoyen de l'épicerie d'où serait parti l'incendie. Ce sont donc 3 hommes qui ont été déférés devant le magistrat instructeur.

Un principal suspect est bel et bien confirmé dans cette enquête. Un Algérien de 27 ans, en situation irrégulière sur le territoire, qui avait été grièvement brûlé le jour du drame, et transporté au service des grands brûlés de l'hôpital de Montpellier. Il a été mis en examen pour "destruction volontaire par incendie ayant entraîné la mort, des blessures et des dégradations", et pourrait donc être à l'origine de l'explosion et de l'incendie qui ont tué 8 personnes ce triste 14 février 2022. 2 autres hommes ont été mis en examen pour "complicité de ces crime et délits". Il s'agirait là du gérant de l'épicerie (l'épicentre de l'incendie), âgé de 43 ans, et d'un autre homme, lui aussi quarantenaire. 

Les 3 hommes ont été écroués par le juge des libertés et de la détention, le temps de la poursuite des investigations. Aujourd'hui, si la piste criminelle est bel et bien privilégiée, plusieurs questions restent en suspens. Pourquoi avoir entraîné cet incendie ? A quel niveau sont impliqués les mis en cause et notamment le gérant de l'épicerie ? Ce dernier, connu et respecté dans le village, aurait-il voulu faire jouer son assurance pour des problèmes personnels ? C'est en tout cas une hypothèse qui a déjà été évoquée, et sur laquelle les enquêteurs devraient continuer de travailler. 

De gros moyens déployés par la gendarmerie

Ce sont des dizaines d'hommes qui ont été mobilisés pendant ces deux mois d'enquête. Jean-David Cavaillé évoque justement ces moyens engagés ce jéudi : 


"Dans le cadre de cette enquête la gendarmerie a déployé de très importants moyens humains et matériels :

  • dans la gestion de l’évènement et de l’ordre public (30 militaires mobilisés)
  • dans la phase de recherche des traces et indices, avec le concours de l’institut de recherches criminelles de la gendarmerie (IRCGN) de Pontoise qui va dépêcher le jour même plusieurs équipes d’experts :
  • une équipe identification qui a pour mission de confirmer formellement l’identité de toutes les victimes
  • une équipe spécialisée en incendie et explosifs pour les opérations criminalistiques sur l’origine de l’incendie, avec le concours d’un chien de la gendarmerie spécialisé en recherche de produit accélérant venu de Tours.
  • enfin une équipe fixation de scène de crime appuyée par un télépilote drone du groupement des Pyrénées-Orientales, pour donner aux enquêteurs une image 3D la plus précise possible.

Ces opérations de criminalistique très minutieuses, sous la direction d’un coordinateur criminalistique du groupement, ont également engagé tous les techniciens en identification criminelle du groupement de gendarmerie des Pyrénées-Orîentales ainsi que des renforts du groupement de l’Hérault.

Pour l’enquête judiciaire à proprement parler, une cellule nationale d’enquête EXPLO 66 a été créée par la direction générale de la gendarmerie nationale, regroupant dix enquêteurs, de la section de recherches de Montpellier et de la compagnie de gendarmerie de Rivesaltes. Le groupement de gendarmerie a par ailleurs engagé sans réserve ses ressources aussi bien pour assurer la sérénité des investigations sur le terrain que pour appuyer les enquêteurs dans tous leurs actes, comme dans les phases de porte à porte et d’audition de témoins.

La mairie de Saint Laurent de la Salanque a mis à disposition ses locaux et tous ses moyens pour que l’enquête se déroule dans les meilleurs conditions. La police municipale de St Laurent de la Salanque a par ailleurs été d’une aide précieuse dans le recueil d’éléments importants pour le succès des investigations."