Dossier 100% - Le FBI et Google vont-ils permettre (un jour) de solutionner l’affaire Jubillar ?
On vous raconte la véritable histoire des données GPS contenues dans le téléphone de Cédric Jubillar.
Publié : 29 mars 2022 à 16h33 par Brice Vidal
Voilà plusieurs mois que les enquêteurs chercheraient à compiler des données en mesure de changer le cours de l’enquête la plus médiatique de France. Les cyber gendarmes de la Section de recherches de Toulouse tenteraient d'exploiter depuis plusieurs mois les données GPS provenant du smartphone Androïd de Cédric Jubillar*. Mais selon nos informations, les deux à trois packs en leur possession seraient « très incomplets » nous indique une source proche de l’enquête et « ils n’ont jamais pour le moment présidé aux recherches sur le terrain ».
Cédric Jubillar a-t-il prémédité son geste et comment ?
Les juges d’instruction entendent vérifier si le mis en examen n’a pas minutieusement préparé le meurtre de Delphine. Ils aimeraient, de fait, connaître l’intégralité de ses déplacements jusqu’à plusieurs jours avant ce funeste 15 décembre 2020. Le postulat : Cédric Jubillar a-t-il procédé à des repérages à proximité de son domicile de Cagnac-les-Mines ? A-t-il creusé une tombe ou aperçu une cavité avant de commettre l’irréparable, avait-il alors son téléphone ?
Les données de l'opérateurs de téléphonie ne sont pas assez précises pour identifier d’éventuels mouvements sur un périmètre restreint. Alors, le regard des deux magistrates en charge de l’affaire Jubillar s’est porté Outre-Atlantique…
Des data stockées chez Google aux Etats-Unis
Pour connaître avec précision les déplacements du mis en cause, une première réquisition aurait été transmise à Google au printemps 2021. Le géant du numérique, peu pressé de révéler que les applications de son système d’exploitation recèlent des données de géolocalisation en temps réel, aurait répondu par la négative à la justice française. D’autant que Cédric Jubillar était à ce moment-là partie civile et non mis en examen.
Qu’à cela ne tienne. Les magistrats auraient contourné l’écueil en passant par une voie détournée : la diplomatie via une demande d’entraide internationale. La chancellerie userait de ses bonnes relations avec le gouvernement américain pour obtenir l’appui du FBI (Federal Bureau of Investigations). Le bras armé de la justice US aurait mis « de l’huile dans les rouages » puisque de premières données auraient été reçues fin novembre, puis un autre pack de données en début d’année 2022. Mais malheureusement, aucune donnée ne serait exploitable. « C’est vide » nous confirme une source judiciaire. Les enquêteurs, circonspects, veulent désormais savoir si ces données de géolocalisation ont pu être effacées volontairement. Et une nouvelle demande est en passe d'être transmise Outre-Atlantique à un procureur du FBI.
Ce que l’on sait du téléphone du mis en examen
Le téléphone du mari a déjà été passé au crible : les dernières expertises permettent d’objectiver que le portable était éteint dès 22h08 le 15 décembre 2020. Il n’a pas été mis en mode avion. A 3h53, Cédric Jubillar se serait connecté d'abord à un site de rencontres puis aurait tenté de joindre son épouse à partir de 3h54 à de multiples reprises. Le mari contacte ensuite les gendarmes à 4h09 pour signaler la disparition, lesquels débarquent à 4h50.
Le téléphone de Delphine Jubillar, qui a cessé d’émettre dans la matinée du 16 décembre, n’a jamais été retrouvé. Sa géolocalisation est aussi « une donnée importante de la procédure » mais l’infirmière se sachant pistée par son mari aurait désactivé ses propres données de géolocalisation.
Dans ce dossier les preuves manquent toujours à l’encontre du suspect n°1 « pas de corps, pas de scène de crime, pas d'aveu » se plait à rappeler Me Alexandre Martin pour la défense, qui exhorte la justice à s’intéresser « à d’autres pistes ». Cédric Jubillar est mis en examen pour meurtre sur conjoint et incarcéré depuis le 18 juin dernier. Toutes les demandes de libération déposées par ses avocats ont connu le même sort : un refus.
*Cédric Jubillar est présumé innocent tant qu’une cour d’Assises n’a pas définitivement prononcé de condamnation à son encontre.
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