Des vignerons catalans mobilisés contre la construction d’une prison à Rivesaltes
27 janvier 2021 à 12h54 par John Bourgeois
Ils protestent contre ce projet à l’étude sur la zone d’activité de leur cave coopérative Arnaud de Villeneuve. Pour se faire entendre, ils manifestent devant la mairie de Rivesaltes ce mercredi.
C’est un projet qui suscite la polémique. La construction d’une nouvelle prison dans le département est à l’étude à Rivesaltes. L’établissement pénitentiaire s’étendrait sur 15 hectares et pourrait accueillir jusqu’à 500 détenus. Il s’inscrit aujourd’hui dans un objectif de lutte contre la surpopulation carcérale. Cependant, le choix du site pose aujourd’hui problème, car juxtaposé à la cave coopérative Arnaud de Villeneuve.
Le site a se localise donc au nord de la sortie n°41 de l’autoroute A9, entre la route départementale 900 à l’est, et l’A9 et la voie ferrée à l’ouest. L’établissement s’étalerait sur une surface représentant l’équivalent de 28 terrains de football, à seulement quelques centaines de mètre de la cave de vinification d’Arnaud de Villeneuve.
De "graves conséquences" pour la coopérative
Le président de la cave coopérative Brice Cassagnes aujourd’hui s’insurge. "Cela pose problème parce qu’on a fait le choix de quitter le cœur des villages pour éviter de générer des nuisances aux habitants, et qu’on a investi massivement il y a une dizaine d’années tout juste. Et aujourd’hui, on vient nous coller un village juste à côté de notre outil industriel, qui était éloigné de tout", nous explique-t-il.
Même si l’installation d’un centre pénitentiaire peut avoir certains avantages, comme la création d’emplois dans le secteur, pour Brice Cassagnes, "les conséquences sont graves". "Cela nous pose des problèmes de conflit d’usage pour l’accès à notre site, par rapport à l’insécurité potentielle, et quant à l’image de marque de nos produits, mais aussi à la valeur de notre outil industriel."
Les conflits d’usage sont effectivement nombreux selon lui. Notamment en période de vendanges, où le déplacement de prisonniers pourrait menacer l’activité. "Et après effectivement, c’est le flux de personnes autour de la prison qui n’est pas le public classique. Ce ne sont pas les agents administratifs qui nous posent problème, mais ce sont plutôt les gens qui veulent faire passer des colis ou des messages à des prisonniers, et qui vont aussi regarder un outil industriel qui est juste à côté d’eux", ajoute le président de la cave Arnaud de Villeneuve.
Peu de réponses, donc mobilisation ce mercredi
Aujourd’hui, une concertation préalable est en cours, et tient jusqu’au 5 février. Elle a pour objectif d’informer le public sur les données du projet, "qu’il puisse exprimer ses observations, ses interrogations et ses propositions alternatives". Si l’Agence Publique pour l’Immobilier de la Justice (APIJ) est notamment mandatée pour construire un établissement pénitentiaire sur le territoire, un garant lui supervise l’ensemble du dispositif et tirera le bilan des échanges.
Mais pour l’heure, la situation est au point mort selon Brice Cassagnes. "On nous dit qu’on en est au tout début du projet, que rien n’est ficelé ni abouti, mais en même temps on nous explique que le fait d’imaginer que le projet soit relocalisé par ailleurs est quasi impossible. Pour nous c’est inacceptable." C’est pour cela que la cave coopérative et ses 240 vignerons appellent à la mobilisation devant la mairie de Rivesaltes à 14 heures ce mercredi.
Le choix des lieux est significatif, puisque qu’il s’agit de l’accueil de la permanence de l’APIJ, qui gère le dossier. Les vignerons sont aujourd’hui soutenus par plusieurs organisations, comme la FDSEA, les Jeunes Agriculteurs, l’Union locale CGT de Rivesaltes, ou encore des chasseurs.