Déconfinement : cohue générale devant les bureaux de tabac du Perthus
11 mai 2020 à 16h05 par John Bourgeois
Depuis ce matin à la frontière franco-espagnole, tout le monde s’est donné le mot : venir acheter de l’alcool et des cigarettes. Résultat : des files d'attente en pleine rue, de plusieurs centaines de mètres.
Premier jour de déconfinement et déjà des bains de foule dans les Pyrénées-Orientales. C’est le cas au Perthus, à la frontière franco-espagnole, où plusieurs centaines de personnes s'y sont déplacées pour faire leurs achats d'alcool et de tabac. La raison : le prix. "C'est beaucoup trop cher en France" s'agace Karim. "C'est parce que financièrement c'est devenu horrible que nous avons fait le déplacement, autrement nous ne serions pas venus", explique Franck. En effet, la différence de prix entre les cigarettes vendues au Perthus et en France se compte du simple au double. C'est ce qui a créé d'importants bouchons sur la D900 avant d'accéder à la commune frontalière, mais aussi des files d'attentes impressionnantes, en pleine rue.
Rues bondées, tensions et distanciation non respectée
Les sacs remplis de cartouches de cigarettes, les nombreux usagers apparaissent épuisés en sortant du magasin. En effet pour certains, l'attente a duré plus de deux heures, dans des conditions sanitaires loin d`être respectées. "Beaucoup de monde, beaucoup trop de monde même. Il aurait fallu qu'ils fassent quelque chose à l'entrée pour limiter les gens", nous dit Franck. Andrea, elle, est exaspérée : "il n'y a pas le mètre de sécurité respecté, les gens n'ont pas tous le masque. Les gens ne font pas attention, ils se montent dessus, ils se poussent. C'est n'importe quoi."
Si au sein des magasins le respect est de rigueur, dans les rues, les files d'attente de plusieurs centaines de mètres créent la cohue générale. "Beaucoup de tensions, les gens se bagarrent, ils s'insultent même. Au début du confinement, il y en avait qui se battaient pour du papier toilette, et ici c'est pareil pour des cigarettes", décrivent Karim et Sylvie.
Des forces de l'ordre espagnoles et françaises étaient sur place, mais en nombre limité. "Difficile de faire respecter la distanciation avec ce monde, et quand les gens n'écoutent pas", confie un gendarme.
Bonne nouvelle pour les commerces du Perthus
Si plusieurs habitants se disent "outrés" par le déplacement massif de consommateurs, des petits commerces du Perthus y voient du positif. "Je suis ravi de voir qu'il y a beaucoup de monde, et que les gens reprennent vie", se réjouit Francis, responsable d'un magasin de vêtements. Une joie qui reste mesurée car les boutiques sont loin d'être remplies. "C'est surtout pour le tabac, il faut le dire comme c'est. Enfin, on en récupère quelques-uns", ajoute-t-il. "C'est sûr que les premiers jours, les gens vont se concentrer sur l'alcool et les cigarettes. Et après, la clientèle habituelle va revenir", se rassure Paul, autre commerçant du prêt-à-porter.
La gendarmerie recommande le report des achats
De son côté, la gendarmerie des Pyrénées-Orientales s'est exprimée ce lundi. L'objectif affiché par les forces de l'ordre : alerter la population du mouvement de foule et lui préconiser de reporter ses achats. "Malgré la fin du confinement, effective depuis aujourd'hui, nous vous conseillons de reporter votre déplacement sur la localité. Une mesure de retournement pourra même vous être imposée", lit-on sur le compte Facebook des gendarmes catalans.