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Coup de filet chez les anti-vax : une urgentiste du CHU de Toulouse récemment "trollée" témoigne

Julie Oudet, qui a monté le vaccinodrome de Toulouse, a fait l’objet d’une campagne de haine sur les réseaux sociaux

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20 janvier 2022 à 14h54 par Brice Vidal

 

Huit membres d'un groupe antivax ont été arrêtés mardi, dans le Finistère, les Hauts-de-Seine, la Moselle, la Seine-et-Marne et le Rhône. Ils auraient envoyé des centaines de messages de haine sur les réseaux sociaux. Les mis en cause comparaitront dans les jours à venir à Paris pour harcèlement moral en ligne. Hommes et femmes, âgés de 40 à 54 ans, ils seraient tous membres du groupe anti-vaccin "VV" (ou encore "ViVi" ou "V_V") né en Italie et qui rassemblerait plus de 20.000 participants dans le monde. Les « trolls » anti-vax auraient généré jusqu’à 600 commentaires en deux ou trois heures. Julie Oudet, urgentiste au CHU de Toulouse, a organisé le volet médical du vaccinodrome de Toulouse. Présente sur les réseaux sociaux, elle a aussi fait l’objet de campagne de haine et de harcèlement en ligne et raconte.

 

Elle a récemment été trollée * : « des milliers de messages en quelques minutes »

 

Parmi les gens non vaccinés une infime proportion ferait partie d’une mouvance anti-vax alimentée qui utilise des systèmes de propagande à des fins politiques. « Quand quelqu’un invite à se faire vacciner, il y a des appels sur les sites de ces mouvances » pour aller troller les messages préventifs constate-t-elle. Pour Julie Oudet les victimes « sont vraies », « j’ai vu la détresse dans les yeux des patients qu’on amène dans le service de réanimation » et « combien de fois ils m’ont dit avoir entendu ceci ou cela, la faute à ces messages de propagande. »

Comme tous les médecins, scientifiques ou personnels de santé « qui disent ce qu’est la pandémie » ou comme ceux qui recommandent de se faire vacciner, Julie a été trollée : « on est très nombreux dans ce cas ». « Il y a deux semaines, il y a eu un appel au trolling sur mon compte Twitter et il y a eu des milliers de messages en quelques minutes, c’est édifiant. »  La praticienne, qui a le cuir épais face à ces attaques, n’est pas vraiment surprise de l’audience de ces mouvances car « dans l’histoire il y avait déjà eu de la désinformation contre le vaccin anti-variole tenant le même type de discours », « ils répètent juste les mêmes choses : c’est votre liberté, on n’a pas de recul, on veut vous empoisonner... »  

 

Un cours prémonitoire en médecine de catastrophe

 

L’urgentiste avait assisté à un cours prémonitoire en étudiant la médecine de catastrophe où l’on apprend à se préparer à des situations terribles « un enseignant nous avait prévenu : une pandémie à virus respiratoire ce sera le pire » car « ça va toucher beaucoup de gens y compris les soignants, ça va durer, et quand le virus n’est pas mortel à 70 ou 80% des cas (alors tout le monde se protègerait) mais qu’il fait des dégâts : il y aura de la désinformation et des gens qui vont arguer défendre les libertés en disant qu’il ne faut pas porter le masque » ou « qui diront que le vaccin est un poison, s’il en existe un ». C’était en 2014... 

Ceux qui professent sont très peu nombreux mais « ce sont des criminels » estime Julie Oudet qui affirme avoir vu dans le cadre de son exercice « des dizaines de patients hospitalisés non vaccinés » mais « un seul anti-vax notoire », « les autres, perdus, n’ont pas su ce qui relevait de l’information et de la désinformation ».         

 

 

* on désigne sous le néologisme troller le fait de créer artificiellement une controverse qui focalise l'attention notamment sur les réseaux sociaux.