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Coronavirus : Un Catalan installé en Chine témoigne

100%

30 janvier 2020 à 9h38 par John Bourgeois

Matt a 28 ans, habite et travaille à Shanghai depuis six ans. Au vu des proportions que prend l'épidémie, il a préféré quitter la Chine pour rejoindre Taiwan.


Alors que le gouvernement français a confirmé un cinquième cas de contamination dans l’Hexagone, ce mercredi a commencé l’opération de rapatriement des Français de la zone de Wuhan. 250 d’entre eux doivent rentrer d’ici la fin de semaine. Si certains se préparent à revenir, d’autres souhaitent rester, puis quelques-uns ont même préféré se rendre dans un autre pays. C’est le cas de Matt. Originaire des Pyrénées-Orientales, il est business director dans une entreprise de traduction à Shanghai. Il a accepté de témoigner à notre micro 100% pour parler de la situation actuelle en Chine.

La semaine dernière, les premiers cas de coronavirus apparaissent en Chine, Matt se dit d'abord choqué par l’ampleur un peu contradictoire que prend l’évènement.

"Au début c'était juste en mode "c'est comme une petite grippe de saison, ne vous inquiétez pas, lavez-vous les mains. Il n'y a pas de problème..." Et le lendemain on a vu qu'il commençait à y avoir des morts. "Ouais mais les morts ce sont des vieux, ne vous inquiétez pas..." Après ils ont fermé Wuhan, c'est quand même dans les onze millions d'habitants. Et du jour au lendemain, ils ont fermé 20 villes, ils ont fermé 56 millions d'habitants."
 

Matt


À Shanghai où il travaille, d’autres cas ont été constatés. Matt doit alors rester d’abord cloitré chez lui. Il s'occupe comme il peut, et son inquiétude monte quand les réseaux sociaux chinois s’enflamment. Il tombe sur des vidéos qui font froid dans le dos.

"Il y avait des vidéos de fou qui sortaient tous les jours. Ils ont commencé à casser les routes dans certaines villes pour que les gens ne puissent pas les rejoindre. Ça c'est vrai, après j'ai vu des trucs, je ne sais pas si c'est vrai ou pas, donc c'est important de le dire. Mais j'ai vu des mecs qui commençaient à bloquer les routes à la "Walking Dead", avec des fusils. J'ai vu des trucs incroyables. J'ai vu à Wuhan, des docteurs, les pauvres, qui travaillent comme des fous, ils ont fait dix ans d'études... et t'avais un mec, parce que c'était la cohue et qu'ils veulent tous des radios des poumons, il a arraché le masque du docteur, il lui a craché à la figure et lui a dit : "tu sais quoi, si je vais mourir, toi aussi tu vas mourir.""
 


​Dans sa ville, Matt constate la pénurie de masque et de gel hydroalcoolique. Des mouvements de foule se créent pour en avoir. Ce Catalan dit ne pas avoir peur de la maladie, c'est la possibilité d'une mise en quarantaine qui le pousse à rejoindre Taiwan.

"On avait tous de la nourriture à la maison, on avait fait des provisions. Mais s'ils bloquent Shanghai, que ça dure un mois et qu'après il n'y ait plus de provisions, et que c'est l'armée qui vienne nous ravitailler... est-ce que moi j'ai envie de me retrouver dans un endroit où les mecs arrachent les masques des docteurs qui sont censés les soigner pour leur cracher à la figure et leur dire "moi si je meurs, tu vas mourir avec moi" ? J'ai pas envie de me retrouver en quarantaine avec 150 000 personnes. Après, ils font comme ils peuvent, c'est compliqué à gérer. Mais si d'aventure j'étais malade, je préfère être en quarantaine en France ou même à Taiwan, où je serais tout seul dans ma chambre d'hôpital, et où on me ferait les tests."
 


​Et pour l’heure, au vu de la situation, Matt hésite encore à rentrer en Chine ou même en France.  Il faut dire que le coronavirus touche le pays en pleine période de nouvel an chinois. Les flux migratoires sont importants et les chances que le virus se propagent augmentent. Une nouvelle raison qui pousse Matt à rester à Taiwan pour l’instant. Même s'il n'est pas malade, il nous confiait également craindre de transmettre le virus, si jamais il venait à rentrer en France.

Pour rappel en Chine, le bilan fait désormais état de 170 morts et de plus de 7 700 personnes contaminées.