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CORONAVIRUS : Le Midi-Pyrénées peut-il échapper au pire ?

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27 mars 2020 à 17h39 par Brice Vidal

Le CHU se dit prêt à la vague de malades

 

 

"La vague" de Covid 19 arrive bel et bien sur le Midi-Pyrénées

Le CHU de Toulouse, qui traite les cas les plus graves dans l'ex-région Midi-Pyrénées et l'Aude, enregistre 25 % de patients Covid 19 supplémentaires chaque jour depuis une semaine. C'est ce qu'ont confirmé les responsables de l'hôpital toulousain réunis ce jour pour faire un point de situation.

Actuellement : 125 malades parmi les plus graves sont soignés à Purpan et Rangueil. 40 sont en réanimation et 20 sont en soins intensifs. Le CHU a par ailleurs enregistré son 4e décès cette semaine. Toutes les victimes étaient "relativement âgées" a précisé la direction. 

 

Des patients de plus en plus gravement atteints

Si les Urgences et le Samu 31 n’enregistrent pas une explosion du nombre de cas, ce sont désormais des patients en très grande détresse respiratoire qui sont admis "à l'image de ce qu'il s'est passé en Italie ou dans le Grand Est" a déclaré ce vendredi Marc Penaud le directeur général de l'établissement. "On a beaucoup moins d'appels que les deux semaines précédentes" affirme Vincent Boune le patron du SAMU 31 "c'était 4 à 5 fois plus que la normale, on est redescendu à 2 fois la normale. Mais il y a beaucoup plus de cas graves."

Le plus jeune des patients en réanimation a 22 ans, un autre a 30 ans "tous deux ont des fragilités" explique Béatrice Riu, la chef du service réanimation au CHU de Toulouse, ajoutant "la grande majorité des patients accueillie a entre 55 et 65 ans et n'accuse aucun problème anormal pour cet âge." A J + 15 de l'entrée des premiers patients, les deux premiers malades ont été extubés après 15 jours de ventilation artificielle.

À partir de ce samedi, 40 patients Covid-19 hospitalisés au CHU de Toulouse, dont l’état est grave ou intermédiaire, seront progressivement intégrés dans l’essai européen Discovery sur l’efficacité de l’hydroxychloroquine.

 

Y aura-t-il un scénario Coronavirus à l’Italienne chez nous ?

Les spécialistes toulousains le confirmaient ce vendredi : le pic épidémique interviendra dans les 15 prochains jours.

L’hôpital se dit prêt, il pourra recevoir jusqu’à 400 à 450 patients gravement atteints par le Covid 19, moitié sur Purpan, moitié sur Rangueil ; et jusqu’à 300 respirateurs pourront être déployés.

Pour autant cela suffira-t-il ? Malgré cette régulation, doit-on s’attendre à monter des hôpitaux de campagne dans la région, comme à Mulhouse ? La question ne s'est pas encore posée et personne ne sait si cela sera nécessaire explique Marc Penaud pour qui "il faudrait que l'ensemble des capacités de réanimation dans la région soit en saturation."

Pierre Delobel le chef du service des maladies infectieuses au CHU estime "qu'il faut être prudent, nos capacités sont importantes mais c'est difficile d'affirmer qu'on ne sera pas à saturation dans 15 jours". Toute la question est de savoir "l'effet qu'aura eu le confinement" estime le directeur général "l'Est n'en a pas bénéficié puisque les contaminations avaient eu lieu avant le confinement. Donc on saura dans les jours qui viennent... si le confinement ne porte pas effet, on aura une montée en puissance des cas graves."

 

 

Concernant les masques de protection le CHU n'est pas en pénurie "l'ensemble de nos professionnels est protégé" explique Marc Penaud qui indique avoir commencé une production de gel hydroalcoolique "on produit 2500 litres par jour et on montera à 3500 litres pour le CHU et les établissements d'Occitanie."

 

Certains personnels du CHU "Covid positifs" travaillent toujours

Le nombre de dépistages des soignants est stable. "Si les soignants ont des symptômes mineurs, ça ne change rien à la conduite à tenir" tempère Pierre Delobel, chef du service des maladies infectieuses au CHU de Toulouse "le dépistage massif sera surtout important en sortie de confinement".

Sur 15 000 agents, 52 infirmier(e)s et aides-soignant(e)s ont été testés positifs au Coronavirus au CHU, la plupart est arrêtée, 3 médecins également. Mais "une poignet peu symptomatiques" est volontaire pour continuer de travailler, malgré tout…

Une conduite plutôt surprenante que justifient Marc Penaud, Vincent Bounes et Pierre Delobel "les soignants testés positifs mais qui ont juste le nez qui coule ou un peu de toux sont autorisés à poursuivre leur activité professionnelle, dans la mesure où ils ont tout le matériel de protection pour éviter de contaminer [...] et on les met sur des postes qui ne les exposent pas au contact des patients." 

 

 

Ces héros du quotidien

Mais quel est le vécu des soignants ? Infirmier(e)s, médecins, aide-soignant(e)s qui donnent le maximum face à cet ennemi invisible ? "Ils sont fiers" estime Béatrice Riu, la cheffe du service réanimation au CHU de Toulouse "chez eux quand ils rentrent c'est le héros de la maison. Et la frustration elle est finalement pour le soignant qui reste à la maison. Etant donné qu'on prévoit une montée en charge, certains sont de repos." Le CHU a donc dû réintégrer sur les plannings ces soignants restés "en back-up"... Vous avez dit sacerdoce ?