Conflit à Perpignan : les policiers municipaux de nuit en grève, Louis Aliot répond
Les agents perpignanais dénoncent une promesse non tenue de la mairie concernant l'augmentation de 300 euros de leur indemnité. Première crise pour le maire RN qui fait de la sécurité un point majeur de son mandat.
11 février 2022 à 12h32 par John Bourgeois
C'est un véritable bras de fer qui se joue actuellement à Perpignan. Une grande partie des agents de la brigade de nuit de la police municipale ont fait grève cette nuit. Ils étaient 6 agents en poste à avoir fait grève hier soir mais 14 à s’être mobilisés sur une vingtaine au total. Selon les personnels que l'on a pu joindre, ils étaient même 18 concernés par la cause en tout, car certains ne pouvaient pas se déplacer pour impératif familial ou pour cause de cas de covid.
Ces brigadiers de nuit dénoncent la promesse non tenue de la municipalité concernant une augmentation de 300 euros de leur indemnité. Ils pointent notamment du doigt le mépris du maire sur la question depuis plusieurs mois. Ils avaient même déposé un premier préavis de grève à la fin du mois de janvier, qui n'avait pas abouti. Cette fois, les policiers sont allés jusqu'au bout, et pourraient même continuer la grève plusieurs nuits. Pris dans une polémique, le maire Louis Aliot a alors convié la presse hier pour donner sa réponse. Une première crise dans un domaine qui est au coeur de son mandat : la sécurité.
Un coup "politique" dénoncé par le maire
"Il y a 2300 employés à la mairie et heureusement que le dialogue social est alimenté. Aujourd'hui, il l'est dans cette crise avec une partie de la police de nuit. Demain il le sera sûrement sur d'autres secteurs. Ce n'est pas ça qui me dérange", répond Louis Aliot à la mobilisation du jour. Ce qui le dérange justement, "c'est le fait qu'à la veille d'élections, on voit bien qu'il y a un syndicat qui fait plus de politique qu'autre chose", avance le premier édile. En effet, il dénonce là un coup "politique" de la CFDT, syndicat qui "n'est pas représentatif" selon lui. Il affirme être d'ores et déjà en discussion avec FO et SUD sur ces questions.
Sauf que ce n'est pas le même son de cloche du côté des agents mobilisés cette nuit. L'un d'entre eux nous a affirmé hier s'être rapproché de la CFDT, justement car le syndicat représentatif FO, lui, refusait la grève. Les agents ne se disent pas non plus au courant d'une "quelconque discussion" avec le maire.
Une promesse d'un cadre opérationnel de la police municipale
Au coeur des débats, cette "promesse non tenue" de la mairie que dénonce donc les agents. Elle consiste à une revalorisation salariale pour un montant de 300€ net par mois et par agents. "La promesse, on ne sait pas quand et on ne sait pas où. Et quelle promesse surtout ? Donc moi je veux bien qu'on en discute, mais je veux savoir sur quelle base. Et une fois que nous saurons, nous pourrons en discuter", réplique l'élu perpignanais.
Selon les dires de certains agents, cette promesse a été faite sur une conversation Whatsapp avec un proche RN de Louis Aliot, et aussi cadre opérationnel de la police municipale. Selon nos informations, il s'agirait d'une discussion avec Stéphane Lecalme, qui s'était présenté aux dernières élections départementales sur le canton de l'Illibéris. La discussion se serait tenue alors que les brigadiers "n'avaient pas accepté les premiers termes de leur contrat". Elle aurait donc convaincu les agents.
"Je n'ai pas un souvenir exact de cette discussion mais toujours est-il que leurs revendications ont été entendues par Louis Aliot et leur directeur. Ils ont même été reçus", nous répond Stéphane Lecalme. "Les choses vont se faire, mais il ne faut pas aller trop vite en besogne. On ne fait pas n’importe quoi avec l'argent des contribuables. Je pense qu’ils ont manqué de patience. Ils auraient pu avoir réponse à leurs revendications en étant patients", explique-t-il. "Je pense que certains de ces agents de nuit ont des accointances avec les membres de l’opposition. Louis Aliot, lui, tient toujours ses promesses, notamment en matière de sécurité", ajoute Stéphane Lecalme.
La grève va-t-elle continuer ?
Pour l'heure, agents et syndicat n'ont pas communiqué sur une reconduction de la grève. Cependant, il est fort probable que la mobilisation se poursuive dans la nuit de ce vendredi à samedi. En effet, les réponses apportées par le mairie la veille ont même ravivé une certaine colère du côté des agents. Pas sûr que le communiqué de la mairie ce vendredi ne les calme. La municipalité a communiqué les chiffres de la grève, mais elle n'a pris en compte que les agents en poste, et non pas le nombre de personnes mobilisées (6 agents en poste ce soir-là en grève pour 14 agents mobilisés hier).
Un élément peut tout de même apaiser les tensions. L'augmentation de salaire est-elle réellement envisageable ? A cette question, Louis Aliot ne dit ni oui ni non. "Il y a des revendications sociales et salariales, mais on ne peut pas y répondre comme ça sous la pression. Il y a un budget à la police municipale et d'autres fonctionnaires", répond dans un premier temps le maire, avant de surenchérir. "Il y aura du mieux, mais peut-être que cela ne sera pas à la hauteur de ce qu'ils demandent. Mais il y aura du mieux, parce que c'était déjà dans les tuyaux." Louis Aliot assure de nouveau communiquer "dans les prochains jours". Affaire à suivre.