Commerçants et artisans à terre pour dénoncer la mort de leurs établissements à Perpignan
16 novembre 2020 à 13h29 par John Bourgeois
Restaurateurs, traiteurs, libraires ou encore coiffeurs, ils étaient plus d’un millier à s’être rassemblés ce lundi matin place République.
Les images sont fortes, et font écho à l’action toulousaine d’il y a quelques semaines. Des centaines de personnes se sont allongées sur la place République ce lundi matin à 10h à Perpignan. Commerçants et artisans ont voulu par ce geste symboliser la mort de leurs entreprises, causée par le reconfinement.
"Mois de mars, on meurt"
Ces commerçants perpignanais n’ont qu’une phrase en tête : "retourner au travail car sinon, c’est la mort". C’est la goutte d’eau. Les différentes annonces gouvernementales plongent chaque jour un peu plus leurs professions dans l’incertitude, et les aides mises en place elles, ne suffisent pas selon eux. "Mois de mars, on meurt. Le PGE de 300 000 euros ? Mais c’est quoi ce PGE ? Ce n’est pas une aide. Le chômage partie, ils y ont le droit, ils cotisent pour cela nos salariés. Mais quand tu es travailleur non salarié comme nous, patrons, qu’est-ce que tu as comme aide ? Tu es entre deux, tu n’as rien ! Donc au mois de mars, je meurs, je ferme l’établissement. 25 ans de métier", s’indigne Isabelle Séguret, restauratrice et traiteur à l’enseigne du Clos des Lys à Perpignan.
Le flou de la fin d’année
Restaurateurs, coiffeurs, et autres commerçants ou artisans se disent pourtant bien prêts à affronter la crise. Tous assurent pouvoir respecter des protocoles sanitaires, "comme ils l’ont déjà fait auparavant". Aujourd’hui, les fêtes de fin d’années approchent, cependant, ils n’ont aucune vision sur l’avenir. "Je ne vois rien, je ne sais même pas ce qu’on va faire demain, alors vous vous imaginez le mois prochain", regrette Anthony Beaugrand, responsable du restaurant Le Comptoir de Papa Ours à Perpignan. "Je ne comprends pas déjà qu’on ne nous donne pas les informations concrètes pour qu’on puisse se préparer à toute éventualité. Dans nos métiers, on se remet en question tout le temps, c’est notre base. Mais là, on est toujours dans l’urgence, dans la préparation d’un peut-être. Mais le peut-être ça ne fonctionne pas", ajoute le restaurateur.
"Il y a eu les gilets jaunes, mais nous, ce sera les gilets rouges de colère"
Tous l'affirment, ils n’ont pas "l’habitude de manifester". Il s’agissait ce lundi d’un rassemblement symbolique à l’appel de la Confédération des petites et moyennes entreprises, l'Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie et le Conseil national des professions de l'automobile. Mais les actions "ne s’arrêteront pas et prendront d’autres formes" si l’Etat reste muet, selon le président de l’UMIH 66. Hervé Montoyo fulmine. "Le chef de l’Etat avait dit : "quoi qu’il en coûte". Donc, quoi qu’il en coûte, justement, nous devons avoir des aides à hauteur de la perte que nous subissons. Si nous ne sommes pas entendus, c’est 20 à 30% de nos entreprises qui vont mettre la clé sous la porte."
Les représentants syndicaux attendent donc de "vraies" aides et réponses, qui leur permettent de survivre à la crise. "Le chômage partiel que nous a permis d’avoir l’Etat, c’est une perfusion. Mais la perfusion ne guérit pas le malade. Le chef de l’Etat ne prend pas la mesure de la situation, et devrait aussi avoir une analyse antérieure. Il y a eu le mouvement des gilets jaunes, mais nous, ce sera le mouvement des gilets rouges de colère", conclut Hervé Montoyo.