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Castres. De 12 mois à 3 ans de prison pour les dealers du " 2000 "

Le Tribunal correctionnel de Castres (Tarn) vient de condamner six jeunes hommes accusés de s'être adonnés au trafic de stupéfiants, avenue Raymond Vittoz, à des peines allant de 12 mois à 3 ans de prison. Leur interpellation avait mobilisé un important dispositif policier.

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Publié : 14 avril 2022 à 22h45 par Axel Mahrouga

Soixante-quatorze mains courantes, un arrêt de bus déplacé des commerçants excédés. Le 7 mars dernier, le RAID et la BRI, en appui des services de police castrais, sont déployés pour procéder à l'interpellation de quatorze individus, suspectés de participer de près où de loin, à un trafic de stupéfiants, rue Raymond Vittoz à Castres (Tarn)

Pour démanteler ce « point de deal du 2000 », comme l'appellent les enquêteurs - en référence au nom du bureau de tabac devant lequel ils s'étaient installés - les forces de l'ordre ont lancé leur investigation à partir d'un signalement envoyé sur la plateforme de l'IGPN. Une personne, sûrement excédée des bruits, odeurs de cannabis et dégradation engendrée par ce trafic, insère un lien Youtube à son signalement.

Sur la plateforme, les jeunes se mettent en effet en scène dans des clips de rap. Armes, stupéfiants, liasses de billets et reconstitution d'un homme sortis d'un coffre de berline, tous les codes du «gangsta-rap» sont respectés. Un peu trop même puisqu'il s'avère après analyse des vidéos que les armes sont réelles, ainsi que la drogue. 

Les dealers sur écoute

Entre deux couplets, les enquêteurs repèrent une porte d'appartement qu'ils identifient comme appartenant à un homme, très vite soupçonné d'être l'instigateur de ce point de deal. Écoute téléphonique, géolocalisation de son véhicule, surveillance des effectifs de l'OFAST (Office anti-stupéfiant de la police judiciaire), le réseau prend forme au gré des appels récoltés par les services d'enquête.

À ce moment, l'objectif avoué du procureur pendant ses réquisitions est de remonter jusqu'aux grossistes, mais, pas de chance, le cerveau présumé sera arrêté après un contrôle routier pour usage du téléphone au volant en février. L'opération castraise est organisée dans la foulée. Durant les perquisitions du « produit », des sachets de reconditionnements et deux armes sont retrouvés chez les prévenus. 

« Je voulais rendre service »

« Managers », « charbonneurs » et intermédiaires, une hiérarchie des prévenus se dessine selon le ministère public. Un organigramme contesté par Maître Sarah Nabet-Claverie, défendant l'un des animateurs présumé de ce point, pour qui les juges n'ont « rien pour montrer que c'est un gros réseau » et qui considère que la sévérité du procureur (de 6 mois de prison à 3 ans requis) a pour fonction de « faire un bel article dans la presse ». Un point de vue partagé par Maître Jean-Antoine Escande, assistant lui aussi un prévenu, pour qui « le trop est l'ennemi du bien ».

Interrogés sur leur implication, les six prévenus minimisent. Les messages pour orienter les dealers vers des vendeurs de cocaïne ? « C'était pour rendre service ». Le SMS indiquant qu' « Henri vend du shit » ? « C'était une blague ! ». Impossible de savoir quelle quantité de drogue le point écoulait depuis l'été dernier. Un des interpellé parlera pendant les auditions de 6,4 kg de résine de cannabis, un chiffre possiblement sous-évalué indique le parquet à l'audience.

Après une heure et demie de délibération, le tribunal de Castres condamnera les six individus à des peines allant de 12 mois de prison, dont 6 avec sursis, à 3 ans ferme. Un septième membre présumé du réseau doit être jugé le 19 avril.