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Autoroute Castres-Toulouse. Le Conseil National de la protection de la nature rend un avis défavorable

Le 12 septembre dernier, le Conseil National de la protection de la nature a rendu un avis défavorable au projet d'autoroute Castres-Toulouse (A69). Les experts remettent notamment en cause l'argument du développement économique du sud-Tarn.

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Publié : 23 septembre 2022 à 10h40 par Axel Mahrouga

Ce sont des conclusions qui risquent de faire grand bruit. Le 12 septembre dernier, le Conseil National de la protection de la nature (CNPN) a rendu un avis défavorable au projet d'autoroute Castres-Toulouse. Pour les experts, « le projet ne satisfait pas à deux des conditions d'obtention d'une dérogation et présente de nombreuses lacunes en matière de qualification des impacts directs et indirects ».

Pour motiver son avis, le CNPN remet notamment en cause l'argument du désenclavement économique du sud-Tarn. Pour les experts, faire le rapprochement entre la construction d'une autoroute et l'attractivité économique d'un territoire « paraît contestable ».


L'avis revient également sur les propositions d'alternatives à cette autoroute. Concernant le train, les experts estiment que les conclusions apparaissent « orientées », en faisant ressortir « uniquement les désavantages du train par rapport au véhicule individuel ».
Sur la proposition d'élargir la Nationale 126, l'actuelle route permettant de faire le trajet Castres-Toulouse, cette dernière « est traitée de manière très orientée et expédiée en une page », selon le CNPN. Ainsi, l'institution conclut : « Les considérations économiques ont eu principalement raison de l'arbitrage, qui n'est pas satisfaisant du point de vue de la biodiversité ».

« Ce dossier s'inscrit en contradiction avec les engagements nationaux en matière de lutte contre le changement climatique »

Sur cette biodiversité, les experts jugent une partie des études et solutions proposées insuffisantes pour protéger la faune et la flore sur le futur tracé. L'un des « freins majeurs » pour le CNPN est « l'insuffisance de sondages pédologiques pour caractériser avec précision les interfaces entre les zones humides et les milieux secs ».

Pour construire son dossier, le concessionnaire ATOSCA s'était basé sur la méthode « Éviter-réduire-compenser » afin que les aménagements n'engendrent pas un impact négatif sur l'environnement. Mais ici, le CNPN pointe que « plusieurs mesures listées comme de l'évitement sont en réalité des mesures de réduction ». Les experts appuient sur leurs conclusions sur un exemple. « Le déplacement d'une aire de service pour "éviter" un habitat à Pipit rousseline à Maurens-Scopon, n'empêche pas ce dernier n'être traversé en plein cœur par le tracé de l'autoroute. »

Si cet avis n'est que consultatif, l'institution invite donc le concessionnaire ATOSCA, à revoir sa copie. Le début des travaux de l'autoroute est toujours prévu début 2023. Les opposants au projet du collectif La Voie est Libre et la confédération paysane du Tarn vont manifester pendant trois jours à partir de lundi, en remontant, à pied, le tracé.