Aussillon : être routier pendant la pandémie, entre concurrence européenne et isolement
Publié : 29 janvier 2021 à 11h30 par La Rédaction
La pandémie a profondément changé le quotidien des chauffeurs routiers.
Lionel, qui travaille chez CMN, transporteur à Aussillon près de Castres, avait l’habitude de transporter en France, mais aussi en Italie et en Espagne. En mars dernier, la société de transport n’a plus envoyé personne en Lombardie en Italie. Aujourd’hui, ces marchés limitrophes ont rompu avec CMN, et emploient des routiers étrangers.
Sur les aires d’autoroute en France, Lionel a du mal à reconnaître sa profession. "Le mieux c'est de pouvoir discuter avec des collègues au restaurant, même en respectant les distanciations, au lieu de manger tout seul dans sa cabine" explique le chauffeur routier. "Même quand on arrive chez les clients, on n'a plus accès aux sanitaires, on est vraiment mis de côté. Ce n'est plus pareil quoi" ajoute-t-il. Le routier positive tout de même... En se rabattant sur le marché français, c’est l’occasion de faire vivre les entreprises françaises.
Pour les entreprises de transport françaises, la concurrence étrangère exacerbée
Avec la pandémie, les difficultés se multiplient. D'abord, les commandes se désistent plus facilement en fonction de la situation sanitaire. Mais le plus gros problème pour Patrick Jeuffrault, gérant de CMN, c'est la concurrence de routiers étrangers, qui n'hésitent pas à circuler dans les zones où le virus est virulent. "Notre gros client en Lombardie en Italie nous a reproché en mars de ne pas venir chercher le matériel alors que les autres européens venaient. Ils ont rompu notre contrat. Je ne comprends pas ce qu'il se passe : quand je regarde mon dépôt, je vois sur 10 camions qui viennent livrer, 7 sont étrangers" se désole Patrick Jeuffrault. Heureusement, avec une entreprise qui a près de 30 ans, Patrick a des clients français qui continuent de lui faire confiance.
Eva Sannino