Agressions sexuelles sur des ados près de Toulouse : la direction du club de foot "savait" affirment les victimes
Un éducateur du club d'Aussonne a été condamné pour une vingtaine d'agressions sexuelles sur des adolescents. Un collectif de "mères courage" exige la démission du président.
28 novembre 2021 à 16h56 par Brice Vidal
Les violences sexuelles dans le sport : un sujet tabou mais la parole se libère progressivement. Près de Toulouse, plusieurs mères réclament la démission du président du club de foot d’Aussonne, Dominique Bru, et de l’ensemble du staff.
La direction "savait" et n'a rien fait
Ce sont les mamans des victimes de Didier Thomas. Un prédateur, "homme à tout faire du club", qui a été condamné à 8 ans de prison, pour une vingtaine d’agressions sexuelles sur des adolescents, tous licenciés du club de l’Etoile Aussonnaise. Isabelle, Hélène et d'autres ont décidé de monter un collectif, car elles estiment que la direction du club a une responsabilité dans cette affaire ; "pour nous il y a eu des manquements" car "on s'est rendu compte que la direction du club avait été alertée" s'indigne Isabelle.
Une phrase écrite "noir sur blanc" dans le compte-rendu du procès fait état des faits suivants : "lors d'une réunion des dirigeants, un kiné évoque le fait que Didier Thomas coupe les cheveux et rase le sexe des jeunes". Pour la mère de famille "le fait d'évoquer le sexe des jeunes, ça devrait faire bondir, et ça n'a pas été le cas." L'enquête a démontré que pour en venir à ses fins, l'éducateur enfermait les jeunes victimes, à double tour, dans une pièce isolée. Verrouillant plusieurs portes pour s'assurer une forme de tranquillité.
Des victimes traumatisées à vie et un président qui s'accroche à son poste
Aujourd'hui les victimes, globalement satisfaites de la condamnation, sont marquées à vie voire détruites. Mon garçon "picolait énormément", "il aboyait tout le temps" "il n'ose pas donner un bain aux bébés" et "ne parlons pas des conséquences sur les relations amoureuses" explique une des mamans qui a un jour fait le lien avec les agressions, "il s'est effondré quand je lui ai parlé pour la première fois de ce qu'on soupçonnait de Didier Thomas".
Hélène pense que la direction du club, son président Dominique Bru en tête, est dans "le déni". La direction en tout cas "aurait dû prendre ses responsabilités" et "démissionner" estiment la mère de famille ; "c'est le capitaine du bateau, on a mis nos enfants entre ses mains", "je ne sais pas pourquoi il s'accroche au poste... le pouvoir probablement, il est connu sur Aussonne et cela lui donne de l'importance", pour autant " il ne s'est même pas excusé auprès des victimes" ajoute-t-elle. S'excuser était-il pour lui synonyme de reconnaissance de responsabilité ? "Peut-être... des parents lui ont demandé pourquoi il ne démissionnait pas, il a répondu qu'il ne se sentait pas coupable" rappelle la mère de famille.
Dominique Bru, contacté, n'a pas répondu à nos sollicitations.
"Tous fautifs"
Thierry (son prénom a été modifié), un des entraîneurs du club, apporte son soutien aux "mères courage" d'Aussonne, mais ne veut pas forcément "couper des têtes". "On est tous fautifs, il n'y a pas que la direction qui a été défaillante. Didier Thomas était un dirigeant, un pote, un client aussi. On a laissé faire ce bonhomme. Peut-être des proches du président ont été victimes dans cette affaire alors il faut modérer certains propos. C'est triste de devoir monter un groupe pour faire partir la direction, je ne sais pas si c'est la solution. Elle aurait dû prendre les devants et démissionner elle-même."
L'affaire Didier Thomas n'a pas fini de provoquer des remous à Aussonne.