Affaire du tueur à la burqa : les deux principaux accusés condamnés à la perpétuité
Lourdes peines également, 8 à 25 ans de réclusion, pour les autres accusés. Un seul a été relaxé.
23 septembre 2021 à 21h19 par Brice Vidal
Après 8 heures de délibéré, la cour d’assises de Haute-Garonne a reconnu coupables 6 des 7 individus jugés pour homicide et tentatives d’homicides en bande organisée.
Les principaux accusés, Walid Derqaoui pour complicité de meurtre et Abdelkader Ramdani pour meurtre, sont condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité, dont une peine de sûreté de 22 ans pour Abdelkader Ramdani. Quatre autres accusés écopent de 8 à 25 ans de réclusion. Un des individus poursuivi, Hakim Rafi, est relaxé. L’escorte policière, portée à une vingtaine de fonctionnaires, avait été renforcée à l’énoncé du verdict par le président Michel Huyette.
Dans cette affaire où la peur des représailles pesait sur une partie des victimes, la cour n'aura pas réussi à identifier formellement "le tireur à la burqa", ce qui explique la condamnation pour "complicité" du "caïd" de ce dossier Walid Derqaoui.
Des peines lourdes pour un crime qui a marqué les esprits
La fusillade, au milieu des familles quartier de la Reynerie à Toulouse le 3 juillet 2017, avait fait un mort et une dizaine de blessés. Les peines ont été lourdes, conformément aux réquisitions. « Mesdames et Messieurs, nous jugeons des hommes et un système parallèle, clandestin, souterrain » déclarait l’avocat général, David Sénat, qui avait requis mardi la peine maximale à l’encontre des deux tireurs présumés, Walid Derqaoui considéré par l’accusation comme le commanditaire et le tueur à la burqa ; et Abdelkader Ramdani, un homme recruté dans la région lyonnaise pour exécuter la cible. Des peines allant de 5 ans à 20 ans de réclusion avaient été requises pour les cinq autres individus. Dans cette affaire de règlement de comptes sanglant, l’avocat général a regretté « des parties civiles volontairement absentes pour certaines », « craignant des représailles supplémentaires » alors que la famille de la victime a contesté « tout contexte de règlement de compte ». « Ni moi ni la cour d’assises ne partageons la peur que vous inspirez aux uns et aux autres » a-t-il déclaré aux accusés, « deux tueurs » qui ont semé « intimidation et terreur ».
Les faits
La fusillade avait fait un mort et une dizaine de blessés en 2017 à Toulouse. Le 3 juillet 2017 vers 21h30, dans le quartier de la Reynerie, deux individus qui avaient pris l'apparence d'un couple en "habits traditionnels musulmans", ont tué un homme de 27 ans, Djamel Tahri, connu pour "trafic de stupéfiants". Le "couple" s'était approchés à quelques mètres de sa cible et les tireurs, l'un dissimulé sous une burqa, avait sorti une kalachnikov d'une poussette puis avait fait feu. Achevant Djamel Tahri de plusieurs balles dont une dans la tête. Une trentaine de projectiles ont été tirées et une dizaine de personnes qui se trouvaient alors à proximité lors de cette chaude soirée d'été ont été blessées. La police judiciaire toulousaine a rapidement relié cette affaire à des rivalités entre deux groupes de trafiquants appartenant à des cités voisines du quartier du Grand Mirail, un clan de Bagatelle et un autre de La Reynerie.
Les plaidoiries de la défense auront duré 36 heures.
« On affirme que Derqaoui était sous la burqa mais aucun élément ne l’atteste » tonnait le pénaliste Hugues Vigier mercredi soir « travaillez avec les pièces que vous avez et n’en ajoutez pas » expliquait aux jurés l’avocat de Walid Derqaoui. L'enquête a permis d'établir que la victime était tenue pour responsable de l'assassinat de l'un des frères de Walid Derqaoui. Le conseil d’Abdelkader Ramdani, Me Karim Bouguessa déclarait « tout semble jouer contre mon client mais les éléments du dossier ne sont pas infaillibles », « il existe un doute » insistait le Marseillais. Mes Franck et Martin, avocats des frères Bettouati indiquaient respectivement « c’est un fiasco de l’instruction, on en est resté aux hypothèses des enquêteurs », « c’est l’intérêt d’une audience publique : les carences de preuves et de démonstration sont apparues au grand jour ».