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Accident de Millas : la conductrice prenait-elle un somnifère incompatible avec la conduite ?

L'avocate des familles de victimes réclame la mise en examen du médecin

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4 avril 2019 à 17h30

Du nouveau concernant l’enquête sur le drame de Millas.

Une avocate de familles endeuillées par l'accident mortel en 2017 réclame ce jeudi la mise en examen du médecin traitant de la conductrice pour "administration abusive d'un somnifère".

Cette avocate, Me Jehanne Collard, a indiqué à l'AFP avoir demandé au juge d'instruction "qu'il demande au parquet un réquisitoire supplétif pour élargir l'information au médecin".

Une demande qui fait suite aux nouveaux éléments du dossiers révélés par nos confrères de France info ce jeudi qui mettent en cause le traitement contre l'insomnie que prenait la conductrice.

Un médicament qu’elle se voyait prescrire depuis 7 ans. Or la notice indique que le traitement ne doit pas excéder 4 semaines.

La molécule en question, la zopiclone, peut avoir des effets secondaire. C’est ce qu’explique son fabricant le laboratoire Sanofi qui évoque des risques de somnolence, allongement du temps de réaction  diminution de la vigilance.

Sanofi qui explique d'ailleurs que ce médicament "comporte un pictogramme rouge de niveau 3 considéré comme le niveau le plus élevé et équivalent à une interdiction de conduire".

Le parquet n'avait pas été saisi ce jeudi, a affirmé à l'AFP le procureur de la République de Marseille Xavier Tarabeux (ndlr c'est le pôle accident collectif du parquet de Marseille qui est saisi sur cette afffaire"), rappelant que la mise en cause du
somnifère Zopiclone a "déjà été évoquée dans le dossier d'instruction".

Selon l'avocate, qui défend les familles de trois des six collégiens tués, le médecin traitant porte "une responsabilité pénale" pour avoir prescrit pendant deux ans ce somnifère à la conductrice. La notice du Zopiclone en limite la durée d'administration à deux mois et prévient qu'il peut affecter les réflexes de conduite.

Me Collard avait déjà affirmé à l'AFP en décembre dernier que la conductrice prenait ce somnifère depuis sept ans. Elle a relancé l'affaire après une réponse sur la dangerosité du médicament adressée par Sanofi, son fabricant, au juge d'instruction.

Selon elle, il en découle qu'une administration prolongée du Zopiclone peut en "potentialiser les effets", parmi lesquels des  "absences" : "Pendant quelques minutes vous ne savez plus où vous êtes et qui vous êtes", c'est "probablement ce qui s'est passé lors de l'accident"  a-t-elle avancé.

Nous avons interrogé à ce sujet Me Vanessa Brandone, l'une des avocates des familles de victimes qui travaille aux côtés de Me Collard.

Me Vanessa Brandone, avocate de plusieurs familles de victimes

"Aucun élement nouveau"  pour l'avocat de la conductrice

Me Jean Codognès, l'avocat de la conductrice - mise en examen pour "homicides et blessures involontaires par imprudence"-  ne voit "aucun élément nouveau" dans ces révélations.

"On sait très bien qu'elle prenait du Zopiclone depuis le début du dossier" explique t-il au micro de 100%.

Me Jean Codognès, avocat de la conductrice du car

Me Jean Codognès considère qu'il s'agit d'une manipulation destinée à  "faire germer dans l'esprit des gens" l'explication selon laquelle la barrière était fermée. "Or la conductrice a toujours indiqué que la barrière était levée" insiste l''avocat.

Une version pour l'instant contredite par le procureur de Marseille qui avait indiqué en décembre dernier qu'"en l'état de l'instruction", les expertises démontraient que la conductrice aurait franchi le passage alors que les "barrières étaient fermées".

Me Codognès a précisé à ce sujet avoir obtenu en octobre qu'un "complément d'expertise" soit mené

 

L'enquête se poursuit

M. Tarabeux a rappelé ce jeudi que selon la notice transmise par Sanofi, la prise de cette molécule "est déconseillée moins de 12 heures avant une activité nécessitant de la vigilance".

En l'occurrence, la conductrice avait affirmé avoir pris "un demi comprimé à 20H la veille" du drame, survenu dans l'après-midi, une déclaration "plutôt corroborée par les traces relevées lors de l'analyse sanguine", a-t-il ajouté. "

"Mais l'instruction n'est pas terminée", conclut-il. 

 

L.A avec AFP