A69. "Eux ils détruisent, nous, on construit", les opposants à l'autoroute replantent des arbres en bord de nationale
Les travaux préparatoires de la future autoroute Castres-Toulouse ont débuté au mois de mars 2023 avec l'abattage d'arbres le long du tracé. Après avoir tenté d'éviter leur coupe, les opposants se déploient pour les replanter.
5 avril 2023 à 20h05 par Axel Mahrouga
Les premiers sont arrivés en avance, pour préparer les trous qui abriteront les pousses. Ce mercredi 5 avril 2023, un peu plus d'une vingtaine d'opposants à la future autoroute Castres-Toulouse (A69) ont entrepris de replanter les arbres abattus, le long de la nationale 126, à hauteur de la commune d'Appelle (Tarn). C'est le deuxième chantier de la sorte lancé par le collectif La Voie est Libre, après la replantation d'arbres sur la commune de Vendine vendredi dernier, à quelques pas du "camping des écureuils" monté par les opposants.
D'un côté de la route, on s'affaire entre les remorques pour préparer et dispatcher les pousses. De l'autre, les forces de l'ordre observent la scène. Entre deux aller-retour avec sa brouette, chargée d'eau, Geoffrey Tarroux, membre du collectif La Voie est Libre explique la démarche. "Nous, on tourne la page. Eux, ils détruisent, nous, on construit. On est là avec les enfants pour leur montrer que l'avenir, ce sont les arbres, pas 400 hectares de bitumes".
En un peu plus d'une heure de travaux, 35 arbres sont retournés à la terre. L'objectif pour les opposants est désormais de remplacer chacun des végétaux boisés coupés dans le cadre de chantier. " On a un paquet d'arbres, de plus en plus de personnes nous proposent des dons d'arbres. Là, on en a 90, mais on a un producteur d'arbres du Lot qui nous en a aussi proposé ce matin. Il y a une solidarité qui est en train de se créer", développe Geoffrey Tarroux.
Une opération qui a reçu l'aide du maire de la commune d'Appelle, dont le centre-bourg n'est qu'à quelques centaines de mètres de la nationale à vol d'oiseau. "Je suis pour soutenir ces actions de plantation d'arbres. En tant qu'agriculteur bio, pour moi l'arbre, c'est ce qui va nous sauver, ce qui peut freiner les changements climatiques [...] je ne comprends pas pourquoi on veut encore faire des infrastructure de développement du territoire en détruisant la nature".
«Apparemment c'est violent ce que l'on est en train de faire ...»
Entre deux coups de bêche, il est un sujet de conversation qui revient, tantôt avec surprise, tantôt avec ironie. Interrogé en fin de matinée par le Sénat, après les événements de Sainte-Soline, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin a évoqué la contestation actuelle du chantier de l'A69. "Nous aurons des volontés de manifestations extrêmement violentes contre les forces de l'ordre et contre les symboles de l'Etat", a déclaré le locataire de la place Beauveau, désignant le chantier de l'autoroute comme "le prochain objectif de ces ultra-gauches".
Une issue balayée par Geoffrey Tarroux. Il observe autour de lui. "Et bien vous voyez la violence où elle est là ? Apparemment, c'est violent ce qu'on est en train de faire, on est en train de planter des arbres avec des enfants !". Cette sortie du ministre de l'Intérieur ? "Une distraction, il essaye de faire diversion parce qu'il en a besoin, il est visé par d'autres problèmes dans le même temps. Il essaye d'instrumentaliser cette lutte qui est non-violente [...] ce n'est pas du tout un type de population comme il voudrait stigmatiser, de zadiste ou de quoi que ce soit. Il n'y a pas de ZAD ici".