8 mars. Une expo photo comme outil de reconstruction pour les résidentes de la Maison des Femmes d'Albi
Un brin de poésie et ce qu'il faut de force pour se reconstruire, l'expo photo "Ce que l'on ne voit pas de moi" s'ouvre au public dès ce mercredi 8 mars, journée internationale des droits des femmes, à l'Hôtel Reynès d'Albi. Des clichés de femmes malmenées par la vie, violentées, mais qui trouvent le courage d'avancer, de renaître. Toutes sont accompagnées par la Maison des Femmes d'Albi et se sont livrées face à l'objectif d'Emilie Cayre. Des portraits de femmes belles, fortes et puissantes.
8 mars 2023 à 10h15 par Marion Chouly
Ce sont des corps de femmes, parés de végétaux. Des corps qui ont connu la violence et qui aujourd’hui sont sublimés par la douceur d’un pétale, la légèreté d’une feuille. Vingt clichés en noir et blanc, vingt femmes aux passés douloureux, qui apprennent à se reconstruire grâce à l'aide et au soutien de la Maison des Femmes D’Albi. A renaître comme chaque fleur, chaque plante, chaque arbre à l'aube d'un nouveau printemps.
Ce projet artistique est né en 2021, Nicolas Bec, éducateur spécialisé à la Maison des Femmes d'Albi, découvre les photos d'Emilie Cayre et lui propose de mettre en valeur les femmes qu'il accompagne au quotidien au sein de l'association. Plusieurs rencontres s'ensuivent, pour présenter cette idée originale aux résidentes, définir quelles parties de leurs corps elles souhaitaient montrer, pourquoi... et le résultat est poignant. Vingt clichés de mains, d'yeux, de ventres, de bustes, sublimés par des pétales, des fleurs, des brindilles et des feuilles.
Pour Emilie Cayre, la photographe, ce projet avait du sens et l'essentiel à ses yeux était de rester juste, au plus près de ce que ces femmes ont voulu dévoiler, témoigner. La justesse pour soigner l'injustice.
Quand l'art répare
Du côté de la Maison des Femmes d'Albi, les retombées de ce projet ont dépassé toutes les attentes. Le but était qu'elles puissent prendre du temps pour elles, qu'elles dépassent la peur de l'échec, qu'elles se réapproprient leurs corps, reprennent confiance en elles. Un véritable support pour les accompagner, en parallèle de la vie quotidienne, faite de lourdeurs administratives, d'inquiétudes face à l'avenir et du poids des responsabilités, comme nous l'explique Nicolas Bec.
Un peu de légèreté donc qui a permis à certaines de se dépasser. Laurie Ferrand, éducatrice spécialisée au sein de la Maison des Femmes évoque par exemple l'évolution de cette mère dont le corps avait subi diverses violences et qui avait du mal à stopper l'allaitement. La photo lui a finalement permis de se réapproprier son corps, une première étape fondamentale. Ensuite la première exposition, il y a quelques mois, dans un cadre intime, au sein de l'association, est tombée au moment où elle a réussi à mettre fin à son allaitement. Tout un symbole.
"Ce que l’on ne voit pas de moi" / une exposition photographique d'Emilie Cayre, en partenariat avec la Maison des Femmes D’Albi, à découvrir jusqu'au 25 mars à l'Hôtel Reynés, rue Timbal, à Albi. Le vernissage a lieu ce mercredi 8 mars, à l'occasion de la journée internationale des droits des femmes. Entrée gratuite.