"10 centimes de moins c'est toujours ça", les frontaliers font le constat du prix fort à la pompe à la frontière espagnole
Si le chiffre symbolique des 2 euros a été dépassé pour le litre d'essence ou de diesel en France, l'Espagne connait aussi l'inflation liée au conflit en Ukraine. Reportage à La Jonquera.
10 mars 2022 à 7h50 par John Bourgeois
Les compteurs s’affolent dans les stations essences françaises. Une conséquence du conflit russo-ukrainien, à ajouter à une hausse globale depuis plusieurs mois du prix de l’énergie. Dans la région, on tente de trouver des solutions pour faire face. Certains départements sont à proximité de l’Andorre ou de l’Espagne, où les habitants ont justement l’habitude de se rendre pour faire baisser la note. Mais est-ce vraiment utile de passer la frontière espagnole notamment ? Quelques habitants des Pyrénées-Orientales et d’ailleurs s’y sont confrontés cette semaine du coté de La Jonquera.
1,90€ le litre de diesel à La Jonquera
C'est dans une station essence assez prisée que nous nous sommes rendus avec notre micro 100% pour interroger ces automobilistes à La Jonquera, en Espagne. Le prix du diesel y dépasse les 1e90 le litre, un prix étonnement fort pour Dalila. "Très surprise, parce je trouve que l'inflation est bien présente en France, mais encore plus ici". Cela ne vaut "plus la peine" de venir "si l'on n'habite pas Perpignan" renchérit Gérard, Nimois, qui parle là du simple carburant. Il nous confie de son côté 160 euros d'économies en comptant aussi ses courses, et notamment l'achat de cigarettes. Cela vaut le coup pour Thibault, qui habite les Pyrénées-Orientales, car "c'est près de la frontière, donc même ne serait-ce que 10 centimes de moins, si on fait le calcul au mois".
"Bientôt on ne pourra même plus aller travailler"
Même si certains y trouvent leur compte, les économies restent bien plus minimes, que cela soit en Espagne ou même en Andorre. Pour un habitant des Pyrénées-Orientales qui ne se trouve pas en montagne catalane, le trajet jusqu'au Pas de la Case est loin d'être rentable pour un seul plein d'essence. Il faudrait alors remplir quelques bidons sur place pour économiser, ce qui n'est pas toujours pratique. En bref, difficile de voir l'avenir sereinement pour ces automobilistes à La Jonquera. "On a peur pour notre pouvoir d'achat. Bientôt on ne pourra même plus aller travailler", s'inquiète Dalila qui travaille en intérim. "Rouler, ça va être un super luxe", "on n'ira plus se balader", voilà les tristes conséquences que nous citent d'autres usagers.
"On est mal", confie de son côté Jean-Claude, qui lui compte bien sur l'aide de l'Etat. "Je ne sais pas qui va nous donner des chèques, mais moi j'en ai déjà reçu un de 100 euros de mon employeur. J'espère qu'ils vont m'en donner un autre." Le sexagénaire fait référence au chèque inflation, mesure du gouvernement pour faire face à la hausse des prix de l'énergie. Pour réduire ses coûts pour l'instant, rappelons que des solutions se font aussi sur la route, celle de la vérification de l'état de ses pneus, du calaminage du moteur... d'autres optent par exemple pour la conversion à l'éthanol (reportage sur 100% à retrouver ici).